Tout comprendre sur la Toussaint et la Fête des morts, deux célébrations proches mais différentes

Image d'illustration. Vue scénique d un cimetièreADN
Chaque année, début novembre, la Toussaint et la Fête des morts sont souvent confondues. Si elles ont lieu à des dates proches et évoquent toutes deux le souvenir des défunts, leur signification et leur célébration diffèrent sensiblement.
Tl;dr
- La Toussaint célèbre les saints, pas les morts.
- La fréquentation des cimetières baisse en France.
- Toussaint et Halloween ont des origines historiques liées.
Aux origines de la Toussaint : une fête joyeuse devenue commémorative
Dès le IXᵉ siècle, le 1er novembre marque pour les chrétiens la Toussaint. Si aujourd’hui, ce rendez-vous semble indissociable des visites au cimetière, sa signification première se veut pourtant bien différente. À l’origine, il s’agit d’un temps de célébration dédié à tous les saints, non à la mémoire des défunts.
Comme l’expliquait l’historienne en anthropologie des religions Nadine Cretin, « la Toussaint correspond au jour où les chrétiens honorent leurs saints montés au ciel ». Cette fête revêt donc une tonalité résolument joyeuse.
De la fête des saints à la mémoire des morts : évolution d’une tradition
L’histoire a pourtant bouleversé cet esprit initial. Après avoir été fixée par le pape Grégoire III puis généralisée sous Grégoire IV, la date du 1er novembre s’impose. Pourtant, dès le XIᵉ siècle, pour préserver la dimension festive de la Toussaint face aux pratiques funéraires qui s’y associent progressivement, l’abbé Odilon de Cluny instaure le 2 novembre comme journée distincte : celle de la Fête des morts.
Malgré cela, au fil du temps, entretiens de tombes et recueillement s’invitent durablement à la Toussaint. La suppression temporaire de cette fête sous la Révolution française avant sa restauration par Napoléon Bonaparte, puis son inscription parmi les jours fériés en 1802, parachèvent sa transformation en moment mémoriel.
Toussaint et Halloween : deux traditions liées et en mutation
À mesure que l’aspect religieux recule dans la société française contemporaine, cette tradition se modifie encore. Selon le Crédoc, seuls 57 % des Français de plus de quarante ans se rendent aujourd’hui au cimetière pour la Toussaint — ils étaient 69 % quinze ans auparavant. Cette baisse traduit un rapport évolutif à la mort : dispersion des cendres, multiplication des hommages ailleurs que dans les cimetières… Le sens religieux décline au profit d’une dimension plus personnelle ou culturelle.
Dans ce contexte mouvant, impossible d’ignorer le regain d’intérêt pour une autre tradition du même calendrier : Halloween. Fête celte héritée de Samhain et introduite au Moyen Âge lors de l’évangélisation européenne — justement pour coïncider avec la Toussaint — elle connaît depuis peu un nouvel engouement populaire.
Aujourd’hui : entre héritages et nouvelles pratiques
Ainsi, les Français jonglent désormais entre plusieurs manières d’honorer leurs proches disparus ou de célébrer l’automne. On retiendra que :
- Toussaint demeure officiellement dédiée aux saints.
- Fête des morts, instaurée ensuite, se concentre sur le souvenir des défunts.
- Halloween, issue d’une tradition païenne ancestrale, complète aujourd’hui ce paysage commémoratif aux multiples visages.
Entre mémoire collective et choix individuels, ces rituels témoignent surtout d’un rapport à la mort sans cesse réinventé.