Syrie : les résolutions françaises et russes rejetées par l’ONU
C’était couru d’avance. Les flagrantes différences de point de vue entre Moscou et l’occident sur le conflit syrien ont amené à un rejet des deux résolutions de trêve en Syrie.
Sans surprise, la Russie a opposé son droit de véto à la résolution présentée conjointement par la France et l’Espagne auprès du conseil de sécurité de l’ONU pour une cessation des bombardements à Alep. Un peu plus tard, c’est au tour de la résolution russe d’être rejetée par le conseil de sécurité des nations unies. Les visions divergentes entre l’occident et la Russie sur le sort de la Syrie ne permettent pas de trouver un accord.
La Russie utilise son droit de véto pour bloquer la résolution française
La résolution franco-espagnole que Jean-Marc Ayrault était venu défendre à New-York prévoyait notamment l’arrêt des bombardements sur toute la ville d’Alep ainsi que la création d’une zone d’exclusion aérienne. Une résolution qui était vouée à l’échec, avant même sa présentation.
Pour Vitali Tchourkine, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, cette résolution était jugée « inadmissible ». Moscou dénonçait effectivement une résolution très orientée qui « politise inutilement l’ensemble de la sphère humanitaire et vise uniquement à mettre une pression supplémentaire sur le gouvernement syrien et, par conséquent, sur la Russie » avant de poursuivre : « Je crois sincèrement que la proposition française ne vise pas à faire des progrès et à sortir de l’impasse, elle ne vise pas à apporter une aide à Staffan de Mistura, mais à provoquer le veto russe ».
Le diplomate russe rappelait par ailleurs : « En 2003 nous avons essayé, appuyés par la France de mettre en garde l’Occident contre les conséquences de l’intervention en Irak […] cette fois-ci, Paris compte parmi les principaux soutiens d’un renversement du président Bachar el-Assad ».
Un peu plus tard, le conseil de sécurité de l’ONU votait sur la contre-proposition russe qui demandait notamment un plan détaillé permettant de distinguer les terroristes et l’opposition dite modérée ainsi qu’une cessation des hostilités. Le texte russe a lui-aussi été rejeté par les principaux pays occidentaux.

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault (G), qui a rencontré son homologue russe à Moscou, Sergei Lavrov (D) a dénoncé aux côtés de l’administration américaine des “crimes de guerre” commis par la Russie à Alep
Deux visions très différentes du conflit syrien
Russes et occidentaux ont une vision très différente du conflit syrien. Les Etats-Unis, qui soutiennent ouvertement l’opposition dite « modérée », souhaitent ardemment le départ de Bachar al-Assad pour un gouvernement bien plus favorable à leurs intérêts économiques et militaires. La France, ainsi que différents pays occidentaux,se sont exactement alignés sur la volonté de Washington et jouent sur le fait qu’il existe une opposition « modérée » en Syrie qui combat le gouvernement, notamment à Alep.
La Russie de son côté, principal allié de Bachar al-Assad, estime, tout comme le gouvernement syrien, qu’il n’existe pas vraiment d’opposition « modérée » et que les groupes financés et aidés par les occidentaux ont tous soit rejoint soit l’Etat Islamique soit le Front al-Nosra (ex al Qaida) leur apportant de fait les armes et les aides remis par l’occident pour combattre le régime syrien. La Russie ainsi que l’Iran ont été invités par la Syrie à participer à la lutte contre le terrorisme dans le pays à la différence des pays occidentaux et de la Turquie.
Il est à noter que les Etats-Unis qui prétendent combattre l’Etat Islamique en Syrie depuis quelques années ont multiplié les « bavures » qui ont aidé ces mêmes terroristes et curieusement, les attaques américaines semblent n’avoir eu aucun effet sur ceux-ci. En quelques semaines seulement, l’intervention russe en Syrie a, au contraire, mis à mal l’Etat Islamique sur le terrain.
Des bombardements intenses, préludes à une intervention terrestre, ont actuellement lieu sur la petite portion d’Alep tenue par des terroristes et certains membres qui se revendiquent de l’opposition modérée.
La Syrie et la Russie accusent les Etats-Unis, la France et la Turquie d’aider les terroristes du front al-Nosra ainsi que l’Etat Islamique afin de créer le chaos et justifier le renversement de Bachar al-Assad. Les occidentaux accusent de leur côté la Russie et la Syrie de crime de guerre, notamment dans les bombardements à Alep après avoir vainement tenté d’accuser le régime syrien d’avoir utilisé des armes chimiques et d’avoir attaqué un convoi humanitaire.