Une supérette menacée de fermeture car ne vendant ni porc ni alcool
A Colombes, dans les Hauts-de-Seine, un bailleur social menace de faire fermer une supérette car celle-ci ne vendrait pas de porc ni d'alcool. Une menace qui fait polémique.
Good Price est une supérette de quartier située à Colombes. Bien qu’ouverte depuis plus d’un an, le bailleur social propriétaire des lieux estime qu’il s’agit d’une “supérette communautariste” et a déposé un recours auprès du tribunal afin d’obtenir la résiliation du bail.
Polémique autour des conditions du bail
Selon le directeur général de Colombes Habitat Public, qui gère le bail de la supérette, “Originellement, c’était un Franprix qui vendait de tout“. L’ancien gérant aurait cédé de manière tout à fait légale le bail au nouveau propriétaire. Cependant, pour le bailleur social, le nouveau propriétaire aurait transformé le point de vente en “supérette communautaire” car la boutique vendrait “de la viande à 95% halal et des tapis de prière“.
Décidé à faire résilier le bail de la supérette, le directeur de Colombes Habita Public explique : “Je m’y suis moi-même rendu avec la maire, Nicole Gouéta (Les Républicains), pour demander au gérant d’installer un petit rayon alcool et de charcuterie pour répondre aux attentes de la population du quartier, vieillissante, et qui ne peut pas forcément se rendre jusqu’au Leclerc“.
Le gérant parle de stratégie commerciale
Le gérant de la supérette refuse toute accusation de communautarisme. Il explique que sa stratégie commerciale est ciblée pour la clientèle du quartier “Je fais du commerce, je regarde autour de moi et je cible ce qui peut s’y vendre“. Il ajoute, par ailleurs, que l’absence de viande porcine s’explique par le fait que ce rayon ne saurait être rentable. “C’est parce qu’il y a beaucoup de pertes au rayon charcuterie. Nous l’avons vu dans les chiffres de vente du Franprix“.
Le gérant du point de vente ajoute par ailleurs que “En tant que commerçant, on essaie de viser une clientèle de masse. Tant pis si ça déplaît à une petite partie de la population“.
Le terme “alimentation générale” du bail oblige le commerçant à réaliser au moins 1/3 de son chiffre d’affaires en produits alimentaires. Aucun texte n’oblige le commerçant à vendre du porc ou de l’alcool comme l’exige le bailleur social qui a pourtant déposé un recours auprès du tribunal afin d’exiger la résiliation du bail du point de vente. Le bail est valable jusqu’en 2019. Peu de chances donc pour que les raisons douteuses avancées par le bailleur soient suffisantes pour qu’un tribunal décide de la résiliation du bail de la supérette de quartier.