Standard and Poor’s : victime collatérale du lobbying de Muddy Waters concernant Casino ?
Sous le feux des projecteurs depuis plusieurs semaines suite aux attaques de Muddy Waters, le Groupe Casino (46,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015) n’entend pas laisser les short-sellers être sauvés in-extremis par Standard and Poor’s.
Les origines de l’affrontement : un pari risqué de Muddy Waters
Le hedgefund Muddy Waters est bien connu sur les places boursières pour être le cheval de Troie d’une finance débridée. Derrière les analyses financières de l’agence de Carson Block, on retrouve souvent de véritables prises d’intérêt en général suivies d’une posture activiste afin déboucler ses positions dans les meilleurs conditions.
Un élément un peu moins connu de ses actions est que Muddy Waters n’agit en général pas tout seul mais s’allie à des fonds partenaires afin d’appuyer ses prises de positions. Dans le cas de Casino, Muddy Waters a bénéficié d’une communication incisive (note très détaillée critiquant la structure du groupe) et de conditions de marchés très négatives en ce début d’année 2016 : la spéculation a la baisse a été un succès. En revanche, ses compagnons d’aventure (d’autres hedgefunds) qui n’ont pas débouclé à temps se retrouvent bloqués sur leurs positions : le titre reprend 30% sur ses plus bas et les “short sellers” (spéculateurs à la baisse) se retrouvent en moins value.
Pour sortir de cette situation, ce pool de short sellers va donc devoir désormais se retourner vers un acteur bien plus puissant et influant : Standard and Poor’s.
Le puissant lobbying de Muddy Waters et des short sellers sur Standard and Poor’s
La fameuse agence de notation connu de tous les citoyens du monde pour son rôle joué dans les crises grecques et espagnoles se charge également d’effectuer les notations de grands groupes côtés en bourse. Les short sellers et Muddy Waters ont tout donc intérêt à faire pression sur l’agence : en plus de sauver l’honneur, les participants à la précédente stratégie de déstabilisation pourrait également récupérer leurs fonds malencontreusement investis en voyant la notation de Casino baisser d’un cran par S&P.
Mais comment ces acteurs pourraient réussir à influencer efficacement l’agence Standard and Poors ? Le procédé se joue en fait en plusieurs étapes complexes : l’agence de notation doit d’abord prendre en compte dans leur intégralité les futurs loyers à payer comme une dette du groupe. A l’accoutumé, l’agence réajuste pourtant ces loyers en fonction des baux déjà signés. Une première entorse au principe de l’agence doit donc être faite. L’agence Standard and Poors peut également jouer sur les fameux TRS (total return swap) acquis par Casino et faire figurer ces derniers comme de la dette allant là aussi à l’encontre de ses pratiques habituelles.
Dépeindre les obligations hybrides du groupe comme de la dette à 100% et non à 50% comme le veut la coutume aurait également une effet dépréciatif sur la notation de Casino. Enfin et pour peaufiner le tableau, Standard and Poors peut également tenir compte de la filiale ViaVarejo à un taux minimal de 14% et non 100%, cachant les stocks de cash important de ViaVarejo et donc indirectement de Casino.
Le groupe résiste et la partie s’annonce difficile pour la coalition derrière Standard and Poors
La bataille fait donc actuellement rage et tous les moyens sont bons pour tenter de sauver les meubles pour les short sellers. Pourtant le groupe Casino résiste et n’est pas prêt de se laisser faire. La vente imminente de sa filiale Thaïlandaise en Asie est stratégiquement bien lancée et la solidité de l’entreprise redonne confiance aux investisseurs. Les short sellers et Muddy Waters doivent donc mettre les bouchées doubles pour tenter de faire basculer Standard and Poor’s dans leur camp. Les tractations en coulisses doivent donc aller bon train mais rien n’est encore joué.
Quelle sera la conclusion de cette affaire ? Verrons nous la débâcle des partenaires de Muddy Waters ? Rien ne l’affirme pour le moment mais la situation semble en tout cas être mal partie pour les hedgefunds derrière Standard and Poor’s. Pas sur que l’agence de notation accepte ainsi que Muddy Waters et les shorts sellers dictent leur loi sur ses propres méthodes.