“Sport sur ordonnance” : un manque de moyens déploré
Alors qu'à compter du 1er mars prochain, les médecins seront désormais en mesure de prescrire de l'activité physique et sportive à leurs patients, Jean-Marc Descotes déplore un dispositif n'offrant pas les moyens de ses apparentes ambitions.
Le 26 janvier dernier était promulguée la loi de modernisation du système de santé prévoyant la mesure de “sport sur ordonnance”, soit la possibilité, pour les médecins à partir du 1er mars 2017, de prescrire de l’activité physique et sportive à leurs patients.
Une idée qui, sur le papier, se voulait enthousiasmante étant donné les bienfaits reconnus du sport, mais dès le 31 décembre 2016, date de sortie du décret d’application, ce texte est apparu décevant aux yeux de Jean-Marc Descotes, cofondateur de la Fédération nationale CAMI sport et cancer.
Pas de remboursement assuré pour le “sport sur ordonnance”
Dans une tribune publiée le 16 janvier dans Le Monde, il indiquait ainsi que “la sortie du décret d’application, samedi 31 décembre 2016, a balayé d’un bloc tous ces espoirs en n’osant pas proposer les conditions de mise en place totales imaginées par cette loi. En cela, le ministère de la Santé est resté fidèle à ces maladies françaises récurrentes : le jacobinisme viscéral, la peur permanente du changement, la défiance de la modernité, le compromis à tous crins.”
Et M. Descotes d’avoir plus récemment précisé sa pensée auprès de nos confrères de Pourquoi Docteur ? : “En fait, le décret d’application, il a donné l’illusion qu’il allait faire rentrer l’activité physique et sportive dans le champ de la santé. Mais il n’en a pas donné les moyens. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, il n’y a aucune condition de remboursement de ces activités physiques, ou de financement […], par des institutions. Ce qui fait qu’en fait, ça va rester, encore une fois, l’obligation [pour les] associations, en fait globalement [pour les] gens qui sont impliqués, de devoir se débrouiller par eux-mêmes pour trouver les moyens de leur pérennisation.”
La solution d’une inscription dans la loi de sécurité sociale
Pour le co-fondateur de CAMI sport et cancer, une solution simple existe cependant pour remédier à ce problème : “C’est pas compliqué : il suffit d’inscrire dans la loi de la sécurité sociale le remboursement des activités physiques et sportives. Alors ça veut pas dire que ça soit à 100% pris en charge par la Sécurité sociale. Les régimes complémentaires ont un rôle à jouer là-dessus, et d’ailleurs il y en a déjà qui sont en train de prendre ce sujet à bras-le-corps. […] Et puis derrière, ce que ça obligera de toute façon, c’est à redéfinir les compétences, les critères d’intervention, les notions de sécurité, les notions d’évaluation des projets qui seront mis en œuvre. Parce que s’il y a pas ça en fait, on n’aura jamais de l’efficience dans les projets qu’on mettra en place.”