Sora au cœur d’une polémique autour de Martin Luther King Jr.

Image d'illustration. Sora 2 OpenAIADN
OpenAI est confrontée à une vive controverse après la diffusion sur Sora de vidéos générées par IA mettant en scène Martin Luther King Jr. dans des situations jugées irrespectueuses.
Tl;dr
- Des vidéos générées par l’IA sur Sora, mettant en scène des figures historiques comme Martin Luther King Jr., ont provoqué une vive polémique.
- Sous pression, OpenAI a instauré un dispositif d’opt-out pour permettre aux ayants droit de faire retirer ces contenus.
- L’affaire révèle un vide juridique et éthique majeur, laissant aux plateformes une responsabilité difficile à encadrer.
Des vidéos controversées secouent la plateforme Sora
Depuis quelques jours, OpenAI fait face à une tempête médiatique autour de son application Sora. Au cœur de la polémique : la diffusion de vidéos générées par intelligence artificielle mettant en scène des figures historiques décédées, notamment Martin Luther King Jr., dans des situations parfois absurdes ou jugées irrespectueuses. Certains contenus faisaient parler l’icône des droits civiques de « cookies au chocolat » ou évoquaient Sam Altman, tandis que d’autres allaient beaucoup plus loin dans la provocation. Très vite, la famille King et de nombreux soutiens ont dénoncé ces dérives, soulignant le caractère profondément choquant de certaines créations.
La réaction d’OpenAI : entre mea culpa et stratégie défensive
Face à l’indignation croissante, notamment après la prise de parole publique de Bernice A. King sur Instagram, fille du célèbre pasteur, OpenAI s’est vue contrainte de revoir sa copie. Un accord a été trouvé pour renforcer les « garde-fous » et introduire un dispositif d’opt-out pour les ayants droit. Concrètement, cela permet aux familles ou représentants officiels de demander le retrait de toute vidéo générée représentant une personnalité disparue. Cette initiative, saluée comme une avancée par certains, reste perçue comme trop timide par d’autres observateurs qui pointent le retard d’OpenAI : l’entreprise a-t-elle simplement cédé à la pression sans anticiper un problème pourtant prévisible ?
L’éthique bousculée par l’IA : un vide juridique persistant
Il faut dire que la technologie avance plus vite que le droit. Contrairement au copyright classique, la législation américaine ne protège pas uniformément l’image des personnes décédées ; seuls quelques États reconnaissent des « droits post-mortem ». Dès lors, le choix d’OpenAI, bien qu’apprécié par certains juristes, est jugé fragmentaire et réactif. Sur Sora circulent déjà des vidéos mettant en scène non seulement King, mais aussi Kobe Bryant, Michael Jackson ou encore John F. Kennedy. La question est posée : qui décidera demain ce qui relève du simple hommage ou de la déformation toxique ?
Les experts identifient plusieurs zones d’ombre :
- L’absence de cadre légal universel laisse place à l’arbitraire.
- L’application massive de l’IA rend impossible tout contrôle exhaustif.
- Les plateformes se retrouvent juges et parties sur leur propre terrain.
L’ombre d’un futur difficile à encadrer
Au final, la suspension temporaire décidée par OpenAI ressemble davantage à un signal d’alarme qu’à une solution définitive. Difficile d’imaginer comment surveiller à grande échelle les usages futurs – et futurs dérapages – alors même que des milliards de contenus sont générés chaque jour. La question n’est donc plus seulement technique mais éminemment sociétale : où fixerons-nous collectivement les limites entre mémoire collective, création et respect du consentement ? Les prochains mois promettent un débat passionné autour du rôle des géants de l’IA face à notre histoire commune.