Somme : des lycéens refusent de lire le livre d’un auteur franco-algérien car incluant de l’arabe
Dans la Somme, des lycéens ont refusé de lire des extraits d'un livre d'un auteur aux motifs que ce dernier n'était pas totalement Français et que son ouvrage comprenait des termes en arabe. Une rencontre entre ces élèves et l'écrivain est prévue pour le mois prochain.
Le 27 septembre dernier, l’écrivain Akli Tadjer a publié sur son compte Facebook un courriel reçu quelques jours plus tôt et émanant d’une enseignante. Et l’auteur de plaindre les “pauvres profs de l’Éducation Nationale” après avoir lu le contenu dudit message.
L’enseignante lui apprend ainsi qu’elle a voulu faire lire à ses élèves d’un lycée professionnel de Péronne (Somme) des extraits de son livre Le porteur de cartable. Et que certains lycéens ont observé “une levée de boucliers […] car l’auteur n’est pas Français (j’aimerais qu’ils écrivent le français comme vous…), l’histoire ne concerne pas la France (ils ne savaient pas que l’Algérie avait été française) et il y a du vocabulaire en arabe.”
Un lycéen de première exclu car il refusait de lire un terme arabe
Et l’enseignante de poursuivre en indiquant avoir dû exclure un élève qui avait “refusé de lire pour ne pas prononcer le nom ‘Messaoud’.” Elle ajoute avoir entendu “des réflexions vraiment racistes”, et propose à Akli Tadjer la date du 16 novembre prochain pour une rencontre avec ces mêmes lycéens de première. Une intervention que l’auteur franco-algérien semble avoir depuis acceptée.
Intervention prévue dans une classe de première dans un lycée de Picardie. Merci Zemmour. Pauvres profs de l'Education Nationale. (à lire jusqu'au bout)
Publiée par Akli Tadjer sur Jeudi 27 septembre 2018
Une rencontre entre l’auteur et les élèves prévue pour novembre
Au travers d’un billet, l’écrivain Grégoire Delacourt apporte son soutien à Akli Tadjer : “Que des élèves d’un lycée de la Somme refusent de lire un auteur au prétexte qu’il ne serait pas totalement français relève pour moi de la plus dangereuse des dérives. Honte à eux, à leurs parents, à tous ceux qui inoculent ce poison de l’intolérance débile”.
Le maire de Nice Christian Estrosi est lui aussi monté au créneau sur son compte Twitter : “Quelle tristesse ce refus de lire ‘Le porteur de cartable’ d’Akli #Tadjer. Ce boycott de l’écrivain, lauréat du Prix #Nice06-Baie des Anges 2016, par des lycéens en Haute-Somme, à cause de son nom et de ceux de ses personnages est insupportable !”
Le principal concerné s’est quant à lui dit “consterné” par l’attitude ces lycéens, une découverte “en vingt ans d’écriture et de rencontres en milieu scolaire”, a-t-il confié au Courrier Picard. Auprès du Parisien, il s’est interrogé tout haut sur la teneur de cette rencontre prochaine : “On verra s’ils osent me lancer des insultes racistes”.