Satellite Hitomi : son dernier cliché avant de disparaître
Avant de ne plus donner aucun signe de "vie" aux ingénieurs sur Terre en mars dernier, le satellite japonais a envoyé un cliché qui en dit plus sur les trous noirs.
Hitomi n’aura eu qu’une courte mission, puisque 5 semaines après sa mise en service en février dernier, il disparaissait à la suite de plusieurs erreurs à la fois techniques et humaines.
Mais l’agence spatiale japonaise (JAXA) a pu tout de même analyser les données envoyées par le satellite dont le nom signifie « pupille ».
Hitomi, une pupille braquée sur les trous noirs
Avant de mourir dans l’espace infini, l’outil long de 14 mètres et large de 9 avait braqué son oeil sur l’amas de Persée qui concentre à quelque 250 millions d’années-lumière, des centaines de galaxies. Mais ce n’est pas tout, il est doté d’une « atmosphère » de plasma. Et cette matière, Hitomi a été en mesure de la voir avec spectromètre de rayons-X. Sans cet outil, il eut été impossible d’observer ces gaz qui peuvent atteindre des dizaines de millions de degrés.
20minutes relaie les précisions de Brian McNamara, cosmologiste à l’Université de Waterloo, au Canada qui indique que cette atmosphère contient « les ingrédients qui forment les étoiles, les galaxies, les planètes, et chacun d’entre nous ».
Et l’on sait aussi que sans doute, chacune des galaxies est dotée, en son centre, d’un trou noir supermassif. Pour le scientifique, même si ce n’est encore qu’une théorie, « ils agissent comme des thermostats qui régulent la croissance des galaxies ».
Ce que le satellite a mesuré
Grâce à son spectromètre, Hitomi a calculé la vitesse du gaz se déplaçant au centre de l’amas de Persée : 164 km par seconde. Cette valeur a étonné les spécialistes, car elle est 10 fois moindre que la vitesse des galaxies et autres étoiles. Mark Bautz, l’un des auteurs des travaux publiés dans la revue Nature, indique : « Nous ne savons pas comment ça marche en détails. Nous n’en avions aucune idée ou presque avant Hitomi ».
Si cette découverte pourrait lever un peu le voile sur le mystère des trous noirs, elle est aussi frustrante car le satellite avait là dévoilé un potentiel intéressant. Et ce n’est pas avant 2028 que l’Agence spatiale européenne déploiera un satellite équivalent à son cousin japonais.