Salvador : jugée pour le meurtre de son bébé, elle affirme qu’il était mort-né
Au Salvador, une femme est jugée pour le meurtre de son bébé qu'elle affirme avoir perdu au moment de sa naissance. Elle encourt une peine de 40 ans de prison.
Le 6 avril 2016 au Salvador (Amérique centrale), une jeune femme accouchait dans des toilettes. Ensuite transférée à l’hôpital de la ville de Cojutepeque (centre), Evelyn s’est retrouvée accusée d’homicide. Le Monde rapporte que l’enfant serait né d’un viol. C’est en tout cas ce qui avait été communiqué avant que l’avocate d’Evelyn ne décide de ne plus faire de commentaires sur ce sujet. Sa cliente ne souhaitait ainsi visiblement pas attiser le feu de possibles représailles dans un quartier dominé par des gangs.
Elle affirme que son bébé était mort-né, on l’accuse d' »homicide aggravé »
Aujourd’hui âgée de 21 ans, Evelyn n’a eu de cesse d’affirmer que son bébé était mort-né. En juillet 2017, elle avait été condamnée à 30 ans de prison, une peine annulée par la Cour suprême en février dernier après 33 mois passés à l’ombre. Il convient de souligner qu’au Salvador, l’avortement est passible de deux à huit ans de prison et que perdre son bébé y est considéré comme un « homicide aggravé ». Soit un crime pouvant valoir entre 30 à 50 ans de réclusion à son auteur.
« C’est une véritable folie, c’est une aberration juridique »
Jusqu’ici accusée d' »homicide aggravé avec préméditation », Evelyn est désormais poursuivie pour « homicide aggravé par négligence ». Et d’encourir 40 ans de prison. Selon Morena Herrera, coordinatrice de l’ONG salvadorienne ACDATEE agissant pour la dépénalisation de l’avortement, « demander 40 ans de prison, c’est une véritable folie, c’est une aberration juridique ».« Nous espérons un verdict d’acquittement : il n’y a aucun élément qui permette de penser qu’Evelyn avait l’intention de mettre fin à la vie du bébé […] c’était un accident », a pour sa part déclaré Me Arnau Baulenas, l’un des avocats de l’accusée. L’espoir est effectivement permis puisque cinq femmes jugées pour des faits similaires ont retrouvé la liberté ces derniers mois. Ce qui n’a toutefois pas empêché quelque cinquante militants pour les droits des femmes de manifester devant le tribunal de Ciudad Delgado. Rappelons que 16 femmes sont actuellement emprisonnées au Salvador pour avoir avorté.