Royaume-Uni : la “taxe tampon” finance une organisation anti-avortement
Une partie des revenus tirés de la taxe à 5 % instaurée par le gouvernement britannique sur les produits hygiéniques féminins servirait à financer une association anti-avortement.
Vous ne le savez peut-être pas, mais, au Royaume-Uni, les tampons et serviettes hygiéniques font l’objet d’une taxe à hauteur de 5 %. Une « taxe tampon » qui a du mal à passer, certaines femmes et associations n’hésitant pas à parler de taxe « biologique ».
La polémique révélée par The Guardian ne risque pas de redorer le blason de cette taxe qui servirait en effet à financer en partie un projet porté par une association anti-avortement.
12 millions d’euros par an
Cette taxe, qui rapporte la bagatelle de 12 millions d’euros par an au gouvernement britannique, est attaquée de toute part et a failli disparaître en 2015 sous la pression d’associations. Pour faire passer la pilule, les autorités financières britanniques avaient déclaré que l’intégralité des sommes perçues allait être reversée à des organisations caritatives qui œuvrent en faveur des femmes.
Mais selon le Guardian 2% de ces sommes (soit 250 000 euros) ont été reversés à l’association « Life », une organisation connue pour son combat contre le droit à l’avortement.
Centre d’aide aux femmes enceintes
« Life » est souvent l’objet de controverse, notamment à cause des méthodes employées par l’association pour dissuader les femmes d’avoir recours à l’avortement. Cette dernière évoque notamment de faux liens entre le cancer du sein et l’avortement, le risque accru de grossesse extra-utérine (un risque écarté par les médecins), ou encore une augmentation des tendances suicidaires.
Les 250 000 euros reçus par Life de la part du gouvernement devraient servir au financement d’un projet de construction d’un centre d’aide aux femmes enceintes en danger, notamment des femmes sans-abri.
Paula Sherrif, une élue britannique figure de proue du combat contre la taxe tampon, s’est attristée de la situation. « Pour de nombreuses femmes, ce sera tristement ironique d’être taxées en raison de sa biologie, pour que le gouvernement reverse ensuite cet argent à des organisations qui ne croient même pas que nous devrions avoir le contrôle de nos corps, surtout quand tant de femmes vivent sans ces protections sanitaires basiques » a-t-elle déclaré à la BBC.