Rhône : à cause d’un masque “arc-en-ciel”, une enseignante privée de cours par sa cheffe d’établissement
La proviseure du lycée a souhaité que l'enseignante en lettres classiques change de masque avant de pouvoir se présenter à nouveau devant les élèves.
La communauté éducative du Germaine-Tillion, à Sain-Bel (Rhône) avait beau avoir prévu des animations en rapport avec la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et les discriminations liées aux identités de genre du 17 mai, le masque arc-en-ciel n’était pas du goût de la cheffe d’établissement.
Une professeure de lettres de l’établissement a en effet état interdit de cours par son supérieur au motif qu’elle portait un masque aux couleurs de la communauté LGBTQI.
Masque blanc ou rien
L’information a été relayée dans les colonnes de Libération. Tout commence le 3 mai dernier lorsque l’enseignante se voit convoquée par sa cheffe d’établissement à la mi-journée. Cette dernière n’apprécie visiblement pas le masque arc-en-ciel de la professeure et lui demande de le remplacer par un masque « neutre » si elle souhaite continuer à faire cours.
L’enseignante refuse et se voit donc interdit de se présenter devant ses classes. Elle rentre alors chez elle et revient le lendemain vêtue de son masque arc-en-ciel. Cette fois, elle est arrêtée à la grille d’entrée du lycée par la proviseure qui l’exhorte à rentrer chez elle après lui avoir fait signer un rapport.
Le drapeau arc-en-ciel n’est pas contraire au devoir de neutralité
Le 11 mai dernier, l’enseignante a dû répondre de cette affaire au rectorat devant deux responsables des ressources humaines et le référent académique « Valeurs de la République ». Cette dernière était accompagnée d’un représentant du syndicat SUD éducation. Un syndicat qui rappelle que la justice a déjà statué sur le fait que le drapeau arc-en-ciel n’entrait pas en contradiction avec le principe de neutralité du service public.
Lors de cet entretien, l’enseignante s’est vue conseiller de ne pas remettre le masque pour éviter toute forme de provocation et apaiser le climat dans l’établissement. Elle aurait également été surprise de la tonalité de certains propos tenus lors de l’entretien, notamment car elle aurait pu « inciter des élèves à certaines pratiques » et favoriser « l’obédience LGBTQI » selon les propos rapportés. Alors qu’elle avait effectué une demande de mutation avant la polémique, on lui aurait conseillé de « trouver une autre voie , un mi-temps, un détachement ou une rupture conventionnelle ».
L’affaire ne s’arrête pas là puisque l’enseignante a décidé de déposer un recours pour avoir le droit de porter son masque en classe. L’académie de Lyon de son côté précise avoir joué l’apaisement dans un communiqué en faisant preuve de « pédagogie » à l’encontre de l’enseignante et de la proviseure de l’établissement.