Le récit d’un prisonnier d’Auschwitz déchiffré par un historien russe
Le document rédigé par Marcel Nadjari avait été découvert, illisible, par un étudiant polonais en 1980.
Treize pages, cachées dans une bouteille thermos enroulée de cuir, puis enterrées. Elles ont été rédigées par Marcel Nadjari, juif grec déporté dans le camp d’extermination d’Auschwitz en 1944.
En 1980, un étudiant polonais qui participe à des fouilles découvre le document qui s’avère, à part quelques mots en grec, illisible.
Marcel Nadjari, Sonderkommando témoin de l’horreur
L’homme, en tant que Sonderkommando et donc contraint de participer à la solution finale, a été plus que la plupart des autres prisonniers témoin des atrocités commises. C’est grâce aux techniques informatiques que l’historien russe Pavel Polian est parvenu à reconstituer 90% de ces 13 pages.
Auschwitz survivor’s hidden letter details horrors of the Holocaust. Marcel Nadjari described what he witnessed in a farewell letter to his family. He hid it in a flask, wrapped it in leather, and then buried it. https://t.co/XCOmVDh13Z pic.twitter.com/4WhSYACbuN
— McKay Smith (@McKayMSmith) November 12, 2017
Il y raconte, par exemple, que “La plupart des gens ne se rendent pas compte de ce qui les attend. Aux personnes dont le sort est scellé, je dis la vérité. Une fois nues, elles vont dans la chambre de la mort où les Allemands ont soi-disant installé des douches. À coups de cravache, on les oblige à se serrer comme des sardines dans un bocal, puis on ferme les portes hermétiquement”.
“Je ne suis pas triste de mourir”
Celui qui est chargé, avec d’autres prisonniers, de vider les chambres à gaz, de prélever sur les corps les cheveux et dents en or, puis de brûler les dépouilles, est certain de ne pas en réchapper. Il écrit alors : “Je ne suis pas triste de mourir. Mais je suis triste de ne pas pouvoir venger la mort des miens. Comment pourrais-je craindre la mort après tout ce que j’ai pu voir ici”.
Pourtant, Marcel Nadjari finit par en sortir. De retour en Grèce, il y écrit ses mémoires, puis émigre aux États-Unis en compagnie de sa femme; il y meurt en 1971. Récemment, sa fille a lu le document enfin déchiffré à la synagogue de Thessalonique, en Grèce. Son père n’avait jamais évoqué l’avoir écrit.