Professeur soupçonné de racisme sur un élève ivoirien : la présidence de Rennes-2 voudrait “étouffer l’affaire”
Dans un communiqué, plusieurs syndicats dénoncent l'apparente intention de la présidence de l'université Rennes-2 de vouloir "étouffer" une affaire de racisme ciblant l'un de ses professeurs.
Le 18 février dernier, le syndicat étudiant Unef (Union nationale des étudiants de France) avait dénoncé une “agression raciste” survenue cinq jours plus tôt dans un amphithéâtre de l’université Rennes-2 (Ille-et-Vilaine). Un professeur d’histoire aurait ainsi empêché un étudiant ivoirien de prendre la parole avant de tenter d’imiter l'”accent africain” et d’intimider physiquement l’élève. Dans son communiqué, l’Unef avait condamné “fortement cette agression discriminatoire qui n’a pas sa place ni à l’université ni ailleurs”et appelé à la prise de “sanctions appropriées” contre l’enseignant.
Accusations de racisme à Rennes-2 : un tract qui donnait l’identité du professeur
La présidence de l’université Rennes-2 avait rencontré le professeur et l’étudiant, qui n’avait d’ailleurs pas porté plainte. Une porte-parole de la faculté avait évoqué des “décisions” imminentes. Lesquelles semblent toutefois tarder à venir. Le 25 octobre dernier, la présidence de Rennes-2 a signé un communiqué dans lequel elle s’en prend au syndicat étudiant Alliance Rebelle. En cause, la distribution d’un tract annonçant la création d’une “commission anti-raciste” mais surtout donnant l’identité du professeur incriminé. L’université, qui dénonce là une “mise en accusation” et une “potentielle diffamation”, se réserve le droit d’engager des poursuites contre Alliance Rebelle, au passage soutenu par près de 40 organisations politiques et syndicales. Cité par 20 Minutes, le président de Rennes-2 Olivier David a déclaré qu’une “procédure disciplinaire est en cours [contre le professeur] et qu’aucun jugement n’a été formulé à ce jour”. Et de demander le “respect de la présomption d’innocence”.
Des organisations qui demandent à la présidence de “rétablir la vérité”
Pour ces syndicats, l’action de la présidence “porte gravement atteinte à la liberté d’expression au sein de l’université et interroge sérieusement sur les motivations de la présidence et son engagement dans la lutte contre le racisme dans le milieu universitaire”. Cette même présidence qui exercerait ainsi des “pressions” pour “étouffer l’affaire”. Les syndicats avancent que le tract se limitait à l’annonce de la “création d’une commission anti-raciste”. On soulignera que le communiqué de ces organisations mentionne à son tour les nom et prénom de l’enseignant visé par ces accusations de racisme. Ces syndicats appellent désormais notamment “la présidence de Rennes 2 à cesser ses menaces et à rétablir, par voie de communiqué, la vérité sur le contenu du tract mentionné dans son communiqué diffamatoire du 25/10/2019”.