Pourquoi dit-on “avoir les jetons” ?
L'expression "avoir les jetons" traduit tout simplement une peur. Mais pourquoi mentionner des jetons ici ?
Il existe un certain nombre de façons d’exprimer une peur ressentie, que l’on utilise le langage soutenu ou familier. Pour ce dernier, “avoir la frousse” est probablement l’expression la plus connue pour décrire un sentiment de crainte. Un peu moins répandue, surtout de nos jours, “avoir les jetons” demande possiblement réflexion. En effet, de manière littérale, cette expression est difficilement voire aucunement compréhensible. En remontant le fil du temps, on peut toutefois lui trouver une origine, qui plus est intelligible.
“Avoir les jetons” : une origine du Xe siècle
C’est plus spécifiquement en deux temps que l’on peut comprendre l’expression “avoir les jetons”. Tout d’abord, vers le Xe siècle, le verbe jeter s’employait pour désigner l’action de pousser vivement quelque chose à l’extérieur. Petit à petit, on a commencé à parler de “jeter” pour dire que l’on faisait ses besoins. Et les jetons dans tout cela ? Il faudra attendre plusieurs siècles, et la Première Guerre mondiale, pour assister à la naissance de l’expression toute complète.
Une référence à l’expulsion de matières fécales
À l’époque de la guerre de 1914-18, ceux que l’on appelait les Poilus, soient les soldats des tranchées, inventaient des expressions argotiques. Le “jeter” synonyme de “déféquer” est alors devenu “jetons”, pour que l’on obtienne finalement “avoir les jetons”. C’est-à-dire ressentir une peur telle que le corps se relâche, entraînant l’évacuation de matières fécales. On peut supposer que si ces soldats devaient composer avec un risque régulier voire permanent de connaître la mort, ils n’étaient pas forcément imperméables à cette appréhension.