PMA : l’avis favorable du CCNE pour les femmes homosexuelles en couple et seules
Le Conseil consultatif national d’éthique s'est récemment prononcé en faveur d'une PMA ouverte aux couples de femmes homosexuelles ainsi qu'aux femmes seules. Il apparaît cependant opposé à l’autoconservation des ovocytes et à la GPA.
Mardi, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a délivré sa décision quant aux “demandes sociétales de recours à la PMA“, et s’est ainsi dit favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes homosexuelles ainsi qu’aux femmes seules.
Le CCNE a, dans le même temps, rendu un avis négatif pour la légalisation de l’autoconservation des ovocytes et de la GPA (gestation par autrui). Nos confrères de L’Obs se sont entretenus avec le gynécologue René Frydman, père du premier bébé-éprouvette français aussi connu pour sa position favorable à un élargissement de la PMA. Et d’avoir donc sollicité le spécialiste pour une réaction à l’avis du CCNE.
Avis du CCNE sur la PMA : un gynécologue pas totalement convaincu
Pour le docteur Frydman, l’essentiel semble avoir été obtenu, tout en apparaissant dérangé d’une manière globale sur la décision rendue : “La recommandation de l’ouverture de la PMA aux couples d’homosexuelles et aux femmes seules est une avancée – c’était l’une des demandes de notre manifeste. Une femme seule peut adopter, pourquoi ne pourrait-elle pas avoir recours à la PMA ? Par ailleurs, rien ne prouve que ce soit délétère pour un enfant d’être élevé par une célibataire ou par un couple homosexuel. Mais cet avis, dans son ensemble, est incomplet et manque de cohérence.”
GPA : la mère porteuse “souvent utilisée”
Le gynécologue expose alors un problème que le CCNE n’évoque pas dans sa décision alors qu’il s’agit “de l’un des principaux points de blocage aujourd’hui, à savoir l’interdiction de faire des diagnostics préimplantatoires (DPI) sur l’embryon, technique qui est assimilée à de la recherche, en partie proscrite par la loi de bioéthique révisée en 2013. Or 60% des embryons implantés dans le cadre d’une FIV (fécondation in vitro) ne vont pas se développer. Pourquoi ? Nous n’en savons rien !”
Et si René Frydman rejoint ce comité sur la question de la GPA, considérant ainsi que la mère porteuse “se retrouve souvent utilisée” dans ces situations, il déplore le choix de continuer à interdire l’autoconservation des ovocytes :
“La position du CCNE sur ce point est d’une incohérence totale ! Il l’a justifiée par la mise en avant de risques cliniques et médicaux. Pourquoi, alors, des femmes faisant un don d’ovocytes – dons dont on a cruellement besoin – ont-elles le droit d’en conserver pour elles ? Quid du risque dans ce cas ? Toute intervention médicale présente des risques qu’il convient d’exposer à la personne concernée. Ensuite, c’est à elle de faire son choix en toute autonomie. Sauf à considérer que les femmes ne savent pas décider par elles-mêmes ce qui est bon pour elles…”