Nabil Aoun, victime collatérale de l’affaire Riad Salamé ?
Dans un contexte économique difficile pour le Liban, le gouverneur de la Banque centrale du Liban Riad Salamé, l’un des hommes les plus puissants du pays, est sous le coup de plusieurs enquêtes internationales. L’affaire Riad Salamé ferait aussi des victimes collatérales. Ainsi, le nom de Nabil Aoun a été mis en avant par certains médias au Liban. Entre incompréhension et volonté de transparence, l’homme d’affaire Nabil Aoun tient à donner sa vérité.
L’affaire Riad Salamé, une affaire internationale
À la tête de la Banque du Liban (BDL) depuis 1993, Riad Salamé est le grand argentier d’un pays où se succèdent les crises et épisodes judiciaires médiatiques. Arrivé à ce poste en même temps que le Premier ministre Rafic Hariri, Riad Salamé a su rapidement faire consensus derrière son action. En pleine crise financière de 2008, le New York Times loue son travail pour avoir fait du Liban un « havre de stabilité et de croissance ».
15 ans plus tard, il est soupçonné de plusieurs malversations qui lui auraient permis de s’enrichir personnellement et est devenu le visage d’une classe politique que certains qualifient de clientéliste, voire de mafieuse. Il est soupçonné par plusieurs cours européennes de « détournement de fonds », de « malversations financières » et de « blanchiment d’argent ». Il se serait constitué un patrimoine immobilier et bancaire particulièrement fourni en Europe, via plusieurs montages financiers complexes et opaques et un détournement massif de fonds publics libanais.
Cette affaire qui défraie la chronique au Liban et en Europe a un impact sur des personnalités à priori bien éloignée de celle-ci. Parmi lesquelles Nabil Aoun. Cet entrepreneur libanais aurait réalisé un virement d’un montant d’1,8 million d’euros, au profit de Marianne Hoayek, une proche de Riad Salamé. Certains y voit des éléments d’implication de Nabil Aoun dans l’affaire Salamé. Par la voie de son avocat en France, Me Kami Haeri, Nabil Aoun souhaite aujourd’hui rétablir sa vérité.
Nabil Aoun rétablit sa vérité
« Face au préjudice considérable dont sa famille et lui continuent de faire l’objet, M. Aoun a décidé de s’exprimer par mon intermédiaire afin d’apporter des clarifications indispensables », déclare Me Haeri. « Nabil Aoun n’a jamais pris part aux activités et manœuvres présumées décrites dans la presse comme constituant les griefs formulés à l’encontre de M. Salamé et de son entourage, et n’en a même jamais eu connaissance » déclare Kami Haeri.
« La seule raison pour laquelle le nom de M. Aoun a été mentionné dans cette affaire, tient au fait qu’il a accepté en 2012 de rendre en toute bonne foi un service personnel à M. Riad Salamé», indique Me Haeri. Nabil Aoun et Riad Salamé sont en effet amis d’enfance et se connaissent depuis plus de 60 ans. M. Salamé aurait demandé à M. Aoun en 2012 de lui rendre un service qu’il a présenté comme d’ordre personnel. Il s’agissait de transférer à une société détenue par Mme Hoayek, alors proche de M. Salamé, des fonds provenant du père de celle-ci, Hamid Hoayek qui, pour des raisons familiales, souhaitait que ce transfert soit réalisé discrètement. « Mon client a rendu un service à un homme qu’il considérait comme un ami sincère, et qui était décrit en 2012 au moment des faits par tous comme l’homme le plus intègre du Liban. Il a par ailleurs effectué toutes vérifications dans le cadre de cette opération, y compris auprès de Riad Salamé» a ajouté l’avocat, qui précise que Nabil Aoun n’a jamais rencontré Mme Hoayek, Riad Salamé étant le seul à lui avoir demandé ce service « personnel ». Kami Haeri précise également l’absence supposée de liens d’affaire entre son client et Riad Salamé : « Contrairement à ce qui a pu être écrit de manière aussi inexacte que grossière, Monsieur Aoun a construit sa carrière dans le secteur financier et non bancaire, sans jamais bénéficier ni solliciter l’aide de M. Salamé. Il n’a jamais travaillé pour, ni avec, la Banque du Liban, n’a jamais été consultant pour celle-ci ni pour M. Salamé, n’a jamais été intermédiaire sur des opérations portant sur des Eurobonds avec la Banque du Liban ni avec qui que ce soit».
« M. Aoun est pleinement confiant »
Selon nos informations, confirmées par l’avocat, Nabil Aoun s’est immédiatement montré disponible et est allé de lui-même il y a plusieurs mois à la rencontre des autorités judiciaires françaises et européennes, souhaitant apporter les informations nécessaires sur ce service personnel aux juges en charge de l’enquête. « M. Aoun est pleinement confiant, en ce qui le concerne, quant à l’issue des enquêtes en cours », ajoute Kami Haeri.
L’avocat de M. Aoun se réserve le droit de déclencher une action en justice, à la fois contre « ceux qui l’auront manipulé et impliqué malgré lui dans des opérations qui s’avéreraient illicites »
Visé par un mandat d’arrêt français, Riad Salamé s’est vu confisqué ses passeports par la justice libanaise et a interdiction de quitter le Liban. Selon des proches du dossier, la cour d’appel de Paris doit se prononcer le 4 juillet sur la validité de saisies opérées sur le patrimoine immobilier et bancaire en Europe de Riad Salamé.