Médicaments : un tiers d’entre eux n’auraient aucune utilité
Dans la nouvelle version de son "Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux", un médecin affirme qu'un tiers des médicaments seraient inutiles.
Début 2015, des médecins généralistes et internistes dressaient une liste des médicaments dits essentiels, une énumération qui se sera limitée à 151 traitements. Quelques années plus tôt, en 2012, le professeur Philippe Even avait cosigné avec Bernard Debré son “Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux”.
Un ouvrage qui aura été écoulé à 160.000 exemplaires et qui s’apprête à faire son retour demain, dans les librairies, au travers d’une édition réactualisée. Dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien, Philippe Even explique le pourquoi de cette nouvelle version : “Cela répond à une demande des gens. Le précédent guide a été un grand succès. Or depuis 2012, 1.500 nouvelles autorisations de médicaments ont été données. C’est beaucoup. Il fallait donc actualiser les connaissances sur ces sujets.”
Philippe Even : 1/3 de médicaments inutiles, “énorme”
Et ce médecin de témoigner de nouvelles conclusions pour le moins interpellantes : “Nous avons tout repassé en revue. La conclusion principale est qu’un tiers des médicaments proposés ne servent à rien. C’est quand même énorme ! Ce taux d’inefficacité est particulièrement élevé dans le domaine de l’ORL (78 %) et en gastro-entérologie (62 %). Dans le domaine de l’allergie et de la nutrition, un sur deux n’apporte aucun bénéfice au malade. Il y a urgence à faire le ménage.”
La proposition d’un déremboursement ciblé
La solution proposée par le professeur Even pour répondre à la problématique, celle d’un déremboursement total des médicaments “qui ne sont pas utiles. Cela ne nuira pas à la santé des patients. Au contraire, on pourrait réaffecter ces sommes à la recherche publique, à l’hôpital, à la prise en charge des personnes handicapées. Or, justement, ces domaines essentiels sont sous-dotés… car on privilégie à tort le monde du médicament. Résultat, nous sommes toujours les champions du monde en volume de la consommation de médicaments. Il y a urgence à changer ce système, dans l’intérêt même des patients.”