Mal-logement : le constat “douloureux” de la Fondation Abbé Pierre
La Fondation Abbé Pierre dresse un état des lieux accablant du mal-logement en France et fustige l'échec des politiques en la matière.
Le 20ème rapport sur l’État du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre (FAP) est en ligne depuis ce mardi 3 février. Et le constat que fait la FAP ne déroge pas des précédents. La situation empire même et le nombre de mal-logés atteint 3,5 millions de personnes en France.
Au-delà des chiffres, la FAP “s’interroge et interpelle à nouveau les pouvoirs publics de tous niveaux dans les responsabilités qui sont les leurs”.
Logement en France : 10 millions de personnes fragiles
Le mal-logement au sens strict concerne au premier chef les SDF, les personnes logées dans des hôtels ou des lieux insalubres. Mais au-delà, ce sont 10 millions de personnes qui sont en fragilité : loyers impayés,situation de “supreuplement”, ou encore propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté.
Le nombre des sans domicile fixe a augmenté de 50% en 10 ans, pour atteindre 141.500 personnes en 2012. A l’origine de cette hausse, des dispositifs d’aide qui ne “sont plus adaptés et se sont engorgés”, déplore le directeur des études de la Fondation Manuel Domergue. Pour preuve le numéro d’urgence 115 a traité 355.000 demandes d’hébergement lors de l’hiver 2013-2014, mais ne pouvait fournir que 140.000 places. Et devait donc recourir aux nuits d’hôtel.
Même pénurie dans le dispositif HLM qui ne peut allouer que 467.000 logements alors que 1,8 million de demandes sont formulées.
Mal-logement : les politiques face à leurs responsabilités
“2014 est, pour nous, une année blanche pour les mal-logés : on a vu se réorienter la politique vers les plus aisés, l’assouplissement du dispositif fiscal Duflot, devenu Pinel, l’abandon de l’encadrement des loyers et de la garantie universelle locative”. Ces mots émanent de Patrick Doutreligne, directeur général de la Fondation.
Au sujet du recours aux nuits d’hôtel, la ministre du logement Sylvia Pinel répond que “L’Etat mobilisera 105 millions d’euros, sur trois ans, et proposera des hébergements alternatifs et accompagnés, notamment dans le parc privé”.