L’essor de l’IA chez Amazon met en péril ses ambitions en matière de durabilité
Alors qu’Amazon s’efforce d’intégrer l’intelligence artificielle dans ses services, cette transition accroît la consommation énergétique de l’entreprise et complique la réalisation de ses objectifs environnementaux déjà ambitieux.
Tl;dr
- Les émissions d’Amazon augmentent, surtout à cause de l’IA.
- La construction de data centers aggrave l’empreinte carbone.
- L’objectif zéro carbone pour 2040 semble compromis.
La croissance de l’intelligence artificielle fait exploser le bilan carbone d’Amazon
La trajectoire environnementale d’Amazon se heurte à un obstacle de taille : la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative. Dans son dernier rapport sur le développement durable, le géant du commerce en ligne reconnaît une progression de 6 % de son empreinte carbone pour l’année 2024, un chiffre en hausse pour la première fois depuis deux ans. Cette évolution ne passe pas inaperçue alors que l’entreprise a bâti une part de sa réputation sur des engagements forts en faveur du climat.
Les centres de données au cœur des critiques
Derrière cette hausse, les regards se tournent vers le déploiement massif des data centers. Loin d’être anecdotiques, ces installations gourmandes en énergie s’imposent comme l’un des principaux moteurs de cette augmentation. Le rapport évoque explicitement le rôle des puces dédiées à l’intelligence artificielle : « L’accroissement de la demande énergétique vient des puces IA, qui nécessitent davantage d’électricité et de refroidissement que les puces traditionnelles ». Outre la consommation directe d’électricité, c’est toute la chaîne logistique qui est impactée : construction d’infrastructures, achats externes d’énergie ou recours aux sous-traitants pour la livraison contribuent à cette inflation des émissions indirectes (+6 %).
Des méthodes de calcul controversées et des ambitions écologiques remises en question
Certains experts pointent du doigt la façon dont Amazon mesure ses propres émissions. En effet, la société a déjà modifié ses méthodologies en 2022, ce qui avait entraîné une baisse apparente mais contestée par plusieurs ONG qui dénoncent un « sous-comptage dramatique de l’impact réel ». Malgré tout, même selon ces chiffres officiels, les émissions issues directement des énergies fossiles ont bondi de 7 % cette année.
Un avenir incertain pour la neutralité carbone affichée
En parallèle, rappelons qu’Amazon, co-fondatrice du The Climate Pledge, vise toujours la neutralité carbone à l’horizon 2040 – un objectif partagé avec plus de 500 entreprises comme Sony, MasterCard ou encore Snap.inc. Cependant, face aux investissements massifs annoncés – le PDG Andy Jassy prévoyant injecter 100 milliards de dollars dans l’expansion des infrastructures cloud dès 2025 –, difficile d’imaginer que la courbe puisse s’inverser rapidement. Entre ambitions technologiques et impératifs climatiques, la marge de manœuvre paraît plus ténue que jamais pour le géant américain.