Les raisons de l’envolée des prix des carburants à la pompe
Depuis l'été dernier, la note à la pompe est de plus en plus salée pour les Français qui roulent beaucoup. Comment expliquer cette hausse qui n'en finit pas ?
Les débuts de la pandémie et les différents confinements avaient fait chuter les cours des carburants, effondrement bien entendu qui suivait celui de la demande. Mais avec la reprise de l’économie, il ne fallait pas s’attendre à ce que les prix restent aussi bas à la pompe.
De manière générale, les prix de l’énergie repartent à la hausse, gaz en tête. Ce qui faisait dire mi-septembre à François Carlier, délégué général de l’association d’usagers Consommation logement cadre de vie (CLCV) au Monde : “Le cumul des carburants pour la voiture et du gaz ou du fioul pour le chauffage va vraiment se ressentir à partir de novembre ou décembre”.
Des hausses impressionnantes depuis 1 an
Dans le détail, voici la proportion des hausses par carburant (prix moyen constaté par le site carbu.com) au moment où nous écrivons ces lignes :
- Sans Plomb 98 (E5) : +28,1 euros/litre (depuis un an soit une hausse de 19,9%) ;
- Sans Plomb 95 (E5) : +29,6 €/l (+22,2%) ;
- Sans Plomb 95 (E10) : +27,5 €/l (+20,70%) ;
- BioEthanol E85 : +2,1 €/l (+3,10%) ;
- Gazole (B7) : +31,4 €/l (+25,90%).
La hausse du cours des barils
La principale raison est la flambée des prix du baril de pétrole. Ainsi depuis le printemps 2020 (quasi-confinement mondial), le prix du baril de Brent qui l’indice de référence des produits pétroliers, s’est vu multiplié par 4. En raison des taxes sur ces produits, les variations du prix à la pompe sont lissées par rapport au prix du baril. C’est pour cela que le prix a augmenté “seulement” de 30% sur le même laps de temps.
Les autres raisons
Mais ce n’est pas tout, puisque le taux de change est devenu défavorable à la zone euro, pesant de tout son poids sur les importations d’hydrocarbures. Avec l’embargo en cours sur le pétrole produit par l’Iran, le marché est tendu. Si ces sanctions étaient levées, le marché serait moins sous tension, fort logiquement.
Dans le même temps, les entreprises ont participé à cette hausse, ainsi que la mise au point de vaccins et l’élection de Joe Biden outre-Atlantique.
La demande a mécaniquement explosé avec l’amélioration de la situation sanitaire dans la quasi-totalité du globe, mais en même temps le trafic maritime était ralenti. Sans compter que les marges des raffineurs ont sensiblement grimpé.
Les perspectives à court terme
Dès lors, à quelle tendance s’attendre pour les prochains mois ? Au mois d’août dernier, un économiste de Xerfi (institut d’études privé spécialisé dans l’analyse économique sectorielle) annonçait une stabilisation du cours du Brent aux alentours de 70 dollars le baril, “voire reculer très légèrement d’ici à la fin de cette année”.
Quoi qu’il en soit, pour revenir cette fois au seul point de vue franco-français, le gouvernement garde un oeil très attentif à ce genre de prix. La perspective d’une réélection présidentielle dans quelques mois n’est pas vraiment compatible avec toute diminution du pouvoir d’achat. Et en 2018, une hausse des carburants n’avait-elle pas été l’élément principal de la naissance du mouvement Gilets jaunes ?
Et ce, même si malgré la crise sanitaire, le pouvoir d’achat est resté stable en 2020, et même en hausse de 0,4% si l’on en croit les chiffres de l’Insee. Pour l’année 2021, le pouvoir d’achat va selon Jean Castex “augmenter de 1,5% à 2%. Donnons-nous rendez-vous (en fin d’année) pour vérifier”.