Les États-Unis imposent de nouvelles taxes sur des médicaments, meubles et camions importés

Des conteneurs d'expédition marqués pour inspection, soulignant l'application des nouvelles taxes sur les importations aux États-Unis.ADN
Les États-Unis ont élargi leur liste de produits soumis à de nouvelles taxes, ciblant désormais des secteurs variés comme les médicaments, le mobilier et les véhicules utilitaires. Cette mesure concerne des importations stratégiques en provenance de plusieurs partenaires commerciaux.
Tl;dr
- Nouveaux droits de douane américains sur médicaments, camions, meubles.
- Exemptions partielles pour l’Europe, incertitude pour l’Asie.
- Industrie pharmaceutique contrainte d’investir localement et rapidement.
Des surtaxes américaines qui bouleversent les marchés
À quelques jours seulement de leur entrée en vigueur, les nouveaux droits de douane américains annoncés par Donald Trump s’imposent déjà comme un tournant majeur dans la politique commerciale des États-Unis.
Cette fois-ci, ce sont les médicaments brevetés importés, mais aussi les camions étrangers et le secteur du mobilier, qui se retrouvent dans la ligne de mire. L’annonce est tombée jeudi : certaines taxes pourraient atteindre jusqu’à 100 %, avec une application prévue dès le 1er octobre.
Médicaments : des exemptions sous conditions et des inquiétudes en Europe
Le détail intrigue autant qu’il inquiète. Les mesures concernent uniquement les médicaments « de marque ou brevetés », laissant a priori de côté les génériques, dont la part dans la consommation américaine se limite à 10 % en valeur selon l’économiste Neil Shearing (Capital Economics). Ce choix limite certes l’impact global, mais n’apaise pas les tensions parmi les grands acteurs du secteur. La fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia) n’a pas tardé à alerter sur « la pire des situations » que pourrait créer cette politique, entre hausse des coûts, perturbations logistiques et menaces sur l’accès aux traitements essentiels.
Un accord récent protège toutefois en partie l’Union européenne, plafonnant toute nouvelle taxe sur ses exportations pharmaceutiques à 15 %. Mais ce bouclier reste fragile face aux zones d’ombre juridiques et aux inquiétudes croissantes chez certains partenaires comme l’<em’Allemagne, où le secteur juge cette mesure « très préoccupante ». Du côté britannique, on préfère parler de « dialogue actif » avec Washington ; en Asie au contraire, l’inquiétude grandit. Selon Louise Loo (Oxford Economics), « Singapour risque particulièrement d’être affectée » du fait de sa spécialisation dans les médicaments à forte valeur ajoutée.
L’industrie s’adapte sous pression… ou tente de temporiser
Face à ce protectionnisme soudain, plusieurs géants pharmaceutiques annoncent accélérer leurs investissements outre-Atlantique : près de 300 millions d’euros injectés ces derniers mois pour renforcer ou lancer de nouvelles chaînes de production. Mais attention : seule la construction effective permettrait d’obtenir une exemption totale, précise Donald Trump, qui menace même d’une surtaxe à 200 % si le rapatriement ne s’accélère pas. Certains groupes comme le suisse Novartis, fort d’un plan d’investissement massif (23 milliards de dollars), promettent ainsi l’ouverture prochaine de plusieurs sites.
Les entreprises allemandes ou britanniques adoptent quant à elles une posture plus prudente : « Nous évaluons la situation », explique notamment Bayer. Chez GSK, on assure maintenir un dialogue constructif avec l’administration américaine.
Voici ce que prévoient désormais nombre d’industriels :
- Lancer rapidement la construction sur le sol américain.
- Sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement face aux nouvelles règles.
- Poursuivre les négociations avec Washington pour assouplir le dispositif.
D’autres secteurs frappés : poids lourds et mobilier en ligne de mire
La politique protectionniste voulue par le président américain ne s’arrête pas là. Dès jeudi également, une taxe supplémentaire de 25 % a été annoncée sur tous les poids lourds produits hors des États-Unis – mesure destinée à soutenir les constructeurs locaux tels que Peterbilt, Kennworth, ou encore Mack Trucks. Cette décision a fait plonger en Bourse des groupes concurrents comme le suédois Volvo ou l’allemand Daimler. En guise de justification ? Selon Donald Trump : « des raisons multiples, mais surtout sécuritaires ».
Pour clore le chapitre, c’est enfin tout un pan du marché du meuble qui sera taxé jusqu’à 50 % sur certains produits venant majoritairement d’Asie. Un coup dur pour des distributeurs américains dépendants comme Wayfair ou encore Williams Sonoma. Voilà donc une séquence douanière qui laisse entrevoir un automne mouvementé pour bien des filières internationales.