Le recyclage du plastique : une solution illusoire face à la crise environnementale

Image d'illustration. Gros plan sur des bouteilles en plastique coloréesADN
Alors que le recyclage du plastique est souvent présenté comme une solution majeure à la crise environnementale, de nombreuses données montrent ses limites. La majorité des déchets plastiques échappent encore aux filières de recyclage et persistent dans l’environnement.
Tl;dr
- Un traité mondial contre la pollution plastique en discussion.
- Peu de plastique réellement recyclé, limites techniques persistantes.
- Réduire la production reste la priorité selon les ONG.
Un sommet crucial pour l’avenir du plastique
Depuis le 5 août 2025, à Genève, près de 180 pays se sont engagés sous l’égide des Nations unies (ONU) dans une négociation d’envergure : définir un traité mondial pour endiguer la pollution plastique, ce fléau qui ne cesse d’asphyxier la planète. L’enjeu ? Parvenir, en dix jours, à un accord juridiquement contraignant pour l’ensemble des États membres.
Mais si le texte devait voir le jour sans fixer d’objectifs clairs de réduction, il risquerait fort de rester lettre morte, prévient avec insistance Marine Bonavita (Zero Waste France) : « Si le traité est signé sans objectif de réduction, il ne fonctionnera pas ».
Distinguer les notions autour du recyclage
Souvent utilisé à tort et à travers, le terme de recyclage recouvre en réalité plusieurs pratiques distinctes. Le plus simple, et souvent le plus vertueux : le réemploi. Il s’agit alors de réutiliser tel quel un objet — comme une gourde ou un vêtement d’occasion. Vient ensuite le recyclage au sens strict : transformer des déchets en nouveaux produits similaires ou identiques (par exemple, des bouteilles plastiques transformées en autres emballages). Toutefois, tout n’est pas si linéaire.
On distingue ainsi :
- Décyclage (downcycling), lorsque la transformation aboutit à un produit de moindre qualité (exemple typique : pots de yaourt en polystyrène récupérés en cintres plastiques).
- Surcyclage (upcycling), quand le matériau usagé devient un objet de meilleure valeur ou utilité — comme des déchets plastiques métamorphosés en mobilier design.
Cette subtilité s’accompagne toutefois de limites techniques et économiques encore bien réelles.
L’insuffisance du recyclage face à l’ampleur du problème
Malgré les ambitions affichées, moins de la moitié des déchets plastiques générés dans l’Union européenne étaient effectivement recyclés en 2022. Le constat mondial est tout aussi inquiétant : selon l’OCDE, la production annuelle de déchets plastiques a pratiquement doublé en vingt ans — atteignant plus de 350 millions de tonnes — et pourrait presque tripler d’ici 2060. Dans ce contexte, seulement 20 % seraient recyclés tandis que la moitié finirait toujours en décharge.
Les obstacles sont nombreux : manque d’infrastructures adaptées, absence de cadre réglementaire universel (les sacs plastiques à usage unique persistent dans nombre de pays) et surtout limites technologiques. « Est-ce que l’on sait tout recycler ? Non… on n’a pas tous les savoirs techniques et technologiques », admet Sylvie Lupton, spécialiste des déchets.
Derrière le recyclage : prioriser la réduction à la source
Comme le rappelle fermement Greenpeace, « le recyclage n’est pas une opération “magique” mais un processus industriel qui consomme énergie et ressources… loin d’encourager la sobriété ».
D’où l’appel constant des ONG à privilégier avant tout la réduction drastique du volume même des déchets produits. La logique est implacable : seul un effort sur la production permettra réellement de protéger santé humaine et environnement. À Genève, cet impératif sera au cœur des débats – ultime chance peut-être d’infléchir durablement le destin du plastique.