Le géant du streaming Netflix s’empare de Warner Bros.

Image d'illustration. Netflix Warner Bros.Netflix / PR-ADN
L’acquisition de Warner Bros. par la plateforme de streaming Netflix suscite l’inquiétude chez les amateurs de cinéma, qui redoutent un impact négatif sur la diversité des films proposés. Pourtant, l’hypothèse d’un rachat par Paramount Skydance semblait présenter encore plus de risques.
Tl;dr
- Warner Bros. est officiellement vendu à Netflix, provoquant une consolidation majeure et des inquiétudes sur la disparition de l’expérience en salle.
- Beaucoup craignaient auparavant une absorption par Paramount Skydance, qui aurait pu influencer la production avec des considérations politiques et idéologiques.
- L’opération Netflix menace également les films indépendants et la diversité créative, avec des licenciements et une réduction drastique de l’exploitation en salles.
Un bouleversement sans précédent pour Hollywood
Ce qui n’était qu’une rumeur persistante est devenu une réalité : la vente de Warner Bros. à Netflix est désormais officielle, jetant un froid dans le monde du cinéma. À l’heure où la crainte d’une mainmise de Paramount Skydance planait sur le secteur, c’est finalement le géant du streaming qui rafle la mise, au prix d’une consolidation inédite dans l’industrie et de probables vagues de licenciements. Certes, beaucoup d’observateurs redoutaient déjà ce scénario, redoutant la disparition progressive de l’expérience en salle au profit du tout-numérique.
Une alternative jugée encore plus inquiétante
Pour autant, certains voient dans ce rachat par Netflix, aussi brutal soit-il, un moindre mal comparé à ce qu’aurait représenté une absorption par Paramount Skydance. Pourquoi cette méfiance ? À la tête de Skydance, on retrouve David Ellison, héritier du fondateur d’Oracle, dont les liens étroits avec les sphères conservatrices américaines soulèvent des questions. L’annonce soudaine d’un Rush Hour 4, survenue juste après que l’ex-président Donald Trump s’en soit publiquement réjoui, a renforcé ces soupçons : difficile de ne pas y voir un clin d’œil appuyé destiné à obtenir des faveurs politiques dans le contexte du rachat.
Pire encore, certains redoutaient que l’influence politique ne s’étende jusqu’à l’éviction arbitraire de cadres historiques ou à l’orientation idéologique des productions futures. En cas de désaccord avec le pouvoir en place, des films « gênants » auraient pu être discrètement enterrés, menaçant ainsi la liberté créative et la mémoire culturelle du studio.
L’ombre grandissante de l’argent saoudien
Autre sujet brûlant : la volonté affichée de recourir à des financements venus d’Arabie saoudite pour appuyer l’offre de Skydance. Difficile d’imaginer qu’un acteur tel que Mohammed ben Salmane – dont le passé entache déjà lourdement son image – puisse prendre pied dans un pilier d’Hollywood sans conséquences morales ou artistiques majeures. La censure imposée lors du Riyadh Comedy Festival ou les positions anti-LGBTQ+ des autorités locales font peser une menace bien réelle sur la diversité créative si une telle prise de participation voyait le jour.
Si certains espéraient une résistance interne – notamment via Megan Ellison (Annapurna Pictures), ouvertement bisexuelle – rares sont ceux qui croient que le business céderait devant les principes.
Cinéma sous tension : quel avenir ?
Dans ce contexte tourmenté, il n’y a guère de place pour l’optimisme : même si Netflix a baptisé son opération « Project Noble », nombreux sont ceux qui jugent l’appellation cynique face aux licenciements imminents et au risque réel pour la pérennité des salles obscures. D’autant que Netflix envisagerait sérieusement de réduire drastiquement la durée d’exploitation en salles — potentiellement à deux semaines seulement — risquant ainsi d’asphyxier définitivement l’écosystème du cinéma traditionnel. Pour certains analystes, cette consolidation pourrait annoncer :
- Surenchère technologique autour des catalogues anciens (« AI supercharger »).
- Dilution ou perte des repères culturels historiques du secteur.
- Mise en danger accrue pour les films indépendants ou contestataires.
En somme, Hollywood traverse sans doute sa crise identitaire la plus profonde ; personne n’aurait imaginé en arriver là aussi vite…