La Russie et l’Inde, un nouvel axe fort dans les relations internationales
A la recherche d’une diversification de l’énergie qu’elle consomme, l’Inde se rapproche continuellement de la Russie. Une alliance qui plaît au Kremlin dont les relations avec l’Occident se sont refroidies depuis la crise ukrainienne de 2014.
La Russie et l’Inde, nouvel axe fort en géopolitique ? La tendance est en effet à un renforcement des relations entre ces deux géants du continent eurasiatique. Le Forum économique de l’Est, tenu à Vladivostok pour la cinquième fois au début du mois de septembre 2019, a été le théâtre d’annonces et de déclarations d’amitié de la part des responsables de chaque pays. « Un nouveau niveau » a été atteint dans les relations, ont annoncé les deux parties.
Vladimir Poutine a en effet invité l’Inde pour la première fois à ce sommet annuel qui a pour objectif de développer la position russe en Orient et en Extrême-Orient. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a voulu marquer le coup et, geste fort, il s’est entouré de quatre ministres, témoignant par-là son intérêt pour cette relation avec la Russie.
Pour les Indiens, cette alliance répond à une stratégie multilatérale d’alliances. New Delhi souhaite s’entendre avec tout le monde et cherche donc à diversifier ses relations. D’autant plus que la Russie, peut lui proposer de belles coopérations en matière d’énergie. Côté russe, l’Inde est considérée comme un acteur régional, global et souverain indispensable surtout depuis le refroidissement des relations internationales avec l’Occident à la suite de la crise ukrainienne de 2014.
Armement et énergie au cœur de la relation
Au cours de son séjour à Vladivostok, l’Inde a signé une cinquantaine d’accords pour une valeur totale de cinq milliards de dollars. L’objectif des deux pays est de tripler le volume des échanges actuels d’ici 2025 et donc d’atteindre un commerce annuel de 30 milliards de dollars contre 11 milliards de dollars aujourd’hui. La création d’une future zone de libre-échange entre les deux pays a même été avancée sans que cela n’aboutisse encore à un accord ferme.
Deux secteurs-clés ont été identifiés entre la Russie et l’Inde : l’armement et l’énergie. L’armement représente 35 % des exportations russes vers l’Inde, devenant ainsi son deuxième fournisseur après les Etats-Unis. Le gouvernement indien souhaite moderniser ses équipements et son matériel militaire plutôt réputés pour leur vétusté. En 2018, 5,5 millions de dollars de missiles S-400 ont été négociés entre les deux pays et dernièrement, un projet mené de front avec la France a vu le jour. Il s’agit d’une commande massive d’hélicoptères Kamov 226-T, un modèle fabriqué dans une usine russe à partir d’un moteur français. Un projet qui symbolise à lui seul le multilatéralisme voulu par l’Inde.
C’est sur le plan énergétique que le Forum de Vladivostok a été le plus fructueux. L’Inde cherche à réduire sa dépendance au pétrole qui représente actuellement 80 % de son énergie. Elle voudrait abaisser sa part à 67 % et varier ses sources d’énergie en privilégiant le gaz naturel que la Russie possède en abondance (en passant de 6 % actuellement à 15 %).
Ainsi, le groupe Petronet LNG dirigé par Prabhat Singh, va acheter du gaz naturel liquéfié au Russe Novatek qui verra également les Indiens investir dans ses futurs projets en Arctique. D’ailleurs, les deux pays discutent pour y établir un accord d’exploitation du gaz naturel. Un autre groupe indien, H Energy, devrait également commercer avec Novatek.
Quel avenir pour le charbon russe ?
Le charbon constitue un élément économique pour la Russie, qui envisage de développer son exportation. Les pays d’Asie, l’Inde en tête, font partie des futurs clients majeurs d’une Russie qui table sur une explosion de la demande en électricité au cours des prochaines années dans cette région. Les usines à charbon constitueront alors, selon le Kremlin, une réponse à cette hausse de la demande énergétique et l’Inde entend profiter de cette opportunité.
Récente annonce importante allant en ce sens, le producteur de charbon indien Coal India a signé début septembre 2019 un accord portant sur l’extraction de charbon à coke dans l’Extrême-Orient russe. Le port de Vostochny, sur la côte pacifique russe, a déclaré dans son communiqué que le lancement de la troisième ligne du terminal charbonnier augmentait significativement la capacité de chargement du port, passant de 50 à 55 millions de tonnes par an.
Le port de Vostochny est détenu par le deuxième producteur de charbon russe : Kuzbassrazrezugol. L’entreprise appartient aux hommes d’affaires Iskander Makhmudov (également fondateur et président de l’Ural Mining and Metallurgical Company) et Andrey Bokarev (président de Transmashholding).
Point de départ d’une étroite relation entre la Russie et l’Inde, le cinquième forum économique de l’Est devrait prendre date pour le futur. Et l’axe New Delhi – Moscou devrait devenir incontournable lors des prochaines discussions internationales.
- Ukraine : “J’attends un médiateur de la carrure d’un Mandela pour provoquer une éclaircie” (Mireille Mathieu)
- La Russie compte sur la Lune pour se maintenir dans la conquête spatiale
- Menace nucléaire “grandissante” dans le monde : des centaines de journaux médicaux demandent d’éliminer les armes nucléaires