La rougeole réapparait en Serbie : Une vaccination en baisse, 15 morts
Depuis le mois d'octobre, le pays des Balkans a enregistré 5.000 cas. La baisse tu taux de vaccination est entre autres pointée du doigt.
La rougeole est censée avoir été éradiquée en Serbie depuis 20 ans. Mais depuis octobre 2017, plus de 5.000 cas ont été comptabilisés, et 15 décès sont à déplorer.
Depuis, le gouvernement tente de reprendre la main alors que l’engouement pour les médecines douces et le respect des valeurs de l’Eglise orthodoxe occupent une place toujours plus importante dans la société serbe.
La montée des anti-vaccins
Philippe Bertinchamps, correspondant à Belgrade pour Libération, rapporte les raisons expliquant cette flambée de cas et de décès. Il a recueilli les mots de Vesna Trifunovic, chercheuse à l’Institut d’ethnographie SASA : “Grâce aux succès de la vaccination, les parents ont cru que la rougeole était désormais inoffensive. Le vaccin obligatoire était un acquis de la Yougoslavie. Il a été remis en question quand le système s’est écroulé”.
Et si les autorités en appellent à la responsabilité des Serbes, une part d’entre eux préfèrent se tourner vers les médecines alternatives. En cause, une défiance vis-à-vis des vaccins, suspectés d’être “d’une qualité inférieure à ceux de l’Union européenne”, rapporte le journaliste.
Les valeurs de l’Eglise orthodoxe
Sur les réseaux sociaux également, de nombreux collectifs anti-vaccin, souvent animés d’un sentiment nationaliste, mettent en avant les valeurs orthodoxes, fustigeant “l’Occident libéral corrompu”. Et ils comptent le clamer haut et fort le 19 mai prochain à l’occasion d’une manifestation dans la capitale, Belgrade.
Certes, le taux de vaccination des enfants de moins de 14 ans est de 94,3%. Mais l’OMS souhaite qu’à l’horizon 2020, cette couverture vaccinale atteigne 95%, car la Serbie n’est pas le seul pays touché.
Selon Vesna Trifunovic, “la majorité des parents qui hésitent ne sont pas contre les vaccins. Ils sont plutôt mal informés et raisonnent en se basant sur leur expérience de tous les jours. L’insécurité financière, le manque de solidarité, l’incompétence et la corruption des pouvoirs publics les ont rendus sceptiques. Ils ne savent plus à quel saint se vouer”.