La Poste condamnée à verser 126.000 euros d’indemnités à une employée victime de harcèlement
Le groupe a été jugé coupable de ne pas avoir protégé sa salariée victime de son supérieur hiérarchique pendant 14 ans.
Le calvaire était tel pour cette employée de Coliposte qu’elle a tenté deux fois de mettre fin à ses jours. Le conseil de prud’hommes de Paris vient de condamner le groupe La Poste pour ne pas avoir su protéger l’une de ses employées du harcèlement moral et sexuel d’un supérieur hiérarchique. La victime va recevoir 126 000 euros d’indemnité.
14 ans de harcèlement
Ce sont nos confrères du Monde qui relaient l’information. Emmanuelle, 36 ans, a été embauchée en 2001 sur le site de Coliposte de Val-de-Reuil dans l’Eure à l’âge de 19 ans. Dès le début, la salariée évoque les comportements de son supérieur hiérarchique.
Gestes déplacés, attouchements sexuels et même deux tentatives de viol, l’homme fera vivre un calvaire à la jeune employée pendant ses 14 années à son poste. Une situation intenable qui poussera Emmanuel à commettre deux tentatives de suicide. Il faudra attendre mars 2015 pour que la salariée, qui n’était pas soutenue par ses collègues, décide d’alerter le syndicat SUD-PTT.
126 000 euros de dédommagement
L’organisation syndicale alerte alors la direction et une procédure disciplinaire est engagée à l’encontre du supérieur hiérarchique. Cette dernière n’aboutira jamais, car l’homme a été autorisé à partir à la retraite en novembre 2017, soit peu avant le conseil de discipline.
Lors de l’audience de mars 2018, La Poste avait reconnu les faits en évoquant la prescription pour ne pas être inquiétée. Finalement, le conseil des prud’hommes a condamné le groupe à reverser 30 000 euros à la plaignante pour harcèlement sexuel, 25 000 euros pour harcèlement moral, 10 000 euros pour manquement de l’employeur à son obligation de préserver la sécurité du personnel et 35 000 euros pour licenciement nul. Aussi, cette décision du conseil sera affichée dans les différentes entités de La Poste conformément aux demandes de la plaignante afin que la parole se libère dans les autres affaires de ce type.
L’agresseur présumé va certainement devoir répondre de ses actes devant la justice, car la police a convoqué Emmanuelle à propos d’une plainte déposée pour harcèlement sexuel déposée en 2016 pour les faits non prescrits.