La croissance française atteint 0,3 % au deuxième trimestre

Image d'illustration. France et croissance économique.ADN
Au deuxième trimestre, l’économie française a progressé de 0,3 %, selon les dernières données publiées. Ce rythme marque une légère accélération après le début d’année, témoignant d’une reprise modérée malgré un contexte économique incertain.
Tl;dr
- La croissance dépend largement des stocks, pas de la demande.
- Les ménages et entreprises restent prudents, consommation stagnante.
- L’incertitude politique risque d’aggraver le ralentissement.
Des chiffres en trompe-l’œil pour la croissance
Depuis le début de l’année, l’économie française semble avancer sur un fil. L’Insee a confirmé vendredi une hausse du PIB de seulement 0,3 % au deuxième trimestre 2025, après un modeste +0,1 % au premier trimestre. Mais derrière ce chiffre apparemment rassurant, le principal moteur n’est pas la vitalité de la demande, mais bien la « variation de stocks ». Ce sont ces mouvements de reconstitution qui portent l’acquis de croissance à 0,6 % depuis janvier — alors même que la contribution réelle de la demande intérieure s’essouffle.
Ménages frileux et consommation hésitante
Dans les foyers français, la prudence domine. Si le pouvoir d’achat affiche un timide regain (+0,2 %), les dépenses des ménages restent stables (0,0 %) après un repli antérieur. La tendance traduit une vraie réserve : le taux d’épargne grimpe à 18,9 % du revenu disponible. Dans le détail :
- Les dépenses énergétiques s’effondrent (-2,4 %), reflet probable des prix élevés ou d’une anticipation d’avenir incertain ;
- En revanche, on note un rebond dans l’alimentation (+1,6 %) et surtout dans les services liés à l’hébergement-restauration (+2,3 %).
Rien pourtant ne permet de parler d’un redémarrage solide. Le climat général demeure empreint de méfiance.
Entreprises attentistes et inquiétude politique grandissante
Le constat est similaire du côté des entreprises. L’investissement, loin de relancer la dynamique économique, recule encore (-0,1 %). De nombreuses fédérations professionnelles alertent sur une raréfaction des carnets de commandes — seule l’aéronautique échappe à cette tendance morose. Le président du Medef, Patrick Martin, évoque ainsi « un point de bascule », marqué aussi par un « aléa politique franco-français » autour du vote de confiance prévu début septembre. La position précaire de François Bayrou, susceptible selon lui d’être fragilisée lors du scrutin du 8 septembre, pourrait renforcer ce climat d’attentisme : « Cela va immanquablement peser sur la conjoncture. »
L’international n’offre guère de relais
À l’exportation également, pas d’embellie significative : les ventes françaises à l’étranger progressent timidement (+0,5 %), alors que les importations accélèrent davantage (+1,3 %), creusant ainsi le déficit commercial. Enfin, si les administrations publiques accroissent légèrement leurs dépenses (+0,4 %), leur impact ne suffit pas à inverser la tendance globale.
Entre incertitudes politiques persistantes et moteurs économiques grippés — ménages précautionneux comme entreprises attentistes — c’est toute l’économie française qui évolue en funambule sur une corde raide.