La Corse mise sur 250 000 billets d’avion pour dynamiser l’arrivée de touristes

Pour dynamiser la fréquentation touristique, la Corse a décidé d’acheter 250 000 billets d’avion, qu’elle distribuera ensuite aux voyageurs. Cette initiative vise à stimuler l’économie insulaire en facilitant l’accès à l’île durant la saison estivale.

Une stratégie inédite pour désaisonnaliser le tourisme

Depuis longtemps, la question de la fréquentation touristique hors été en Corse nourrit les débats. D’un côté, une crainte du « surtourisme », de l’autre, une économie insulaire qui reste largement tributaire du secteur – à hauteur de 39 % du PIB, bien au-delà de la moyenne nationale.

C’est dans ce contexte que la collectivité territoriale vient d’approuver un dispositif qualifié d’« innovant en Europe » et pensé pour attirer plus de visiteurs tout au long de l’année.

Des vols subventionnés pour briser la saisonnalité

À compter du 1er novembre 2025, douze nouvelles lignes aériennes seront opérées à destination de l’île de beauté. Neuf seront assurées par Volotea, reliant notamment Bordeaux, Nantes et Strasbourg à diverses villes corses (Ajaccio, Bastia, Figari, Calvi). Puis, dès avril 2026, ce sera au tour d’Air Corsica de proposer des liaisons depuis Bruxelles-Charleroi et Rome.

Le principe retenu est celui d’un véritable « achat public de flux aériens » : la collectivité s’engage comme acheteur d’un volume minimal de passagers sur chaque vol pendant quatre ans. En contrepartie, les compagnies doivent exploiter ces routes et s’efforcer de remplir les sièges.

L’investissement public espère un retour économique majeur

Le coût annoncé n’est pas anodin : environ 500 000 euros pour les deux derniers mois de 2025, puis jusqu’à 2,5 millions d’euros par an. L’objectif affiché ? Attirer jusqu’à 250 000 touristes supplémentaires annuellement hors saison touristique classique. Concrètement, la collectivité souhaite ainsi générer plus de sept millions de nuitées sur quatre ans et table sur un impact économique direct estimé à « 100 millions d’euros par an », selon le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni.

Sous quelles conditions pour les voyageurs ?

La promesse : des billets proposés à tarifs compétitifs – sans être gratuits – car partiellement subventionnés. Les compagnies devront donc s’assurer du remplissage régulier des vols tout en maintenant des prix attractifs.

Quelques points clés permettent d’appréhender le dispositif :

• Désaisonnalisation du tourisme : une priorité affichée pour équilibrer l’activité.
• Aide publique directe : achat garanti d’un nombre minimum de places par an.
• Lignes européennes ciblées : Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Bruxelles et Rome reliés à la Corse.

Alors que la société insulaire se partage entre inquiétude face à l’afflux touristique et dépendance économique au secteur, cette expérimentation pourrait bien marquer un tournant. Mais si elle suffira à apaiser le vieux dilemme corse entre ouverture au monde et préservation identitaire… cela reste encore à observer.