Happily Ever After : l’inclusivité avant l’heure dans l’animation

Diffusée entre 1995 et 2000, la série animée Happily Ever After de HBO réunissait des célébrités et revisitait les classiques avec des héros africains, amérindiens ou latins.

Un pari audacieux pour la diversité culturelle

Au tournant des années 1990, alors que l’industrie audiovisuelle américaine commençait tout juste à s’ouvrir à une représentation plus large des minorités, une série animée fit le pari de transposer les grands classiques des contes européens dans des cadres inattendus. Diffusé entre 1995 et 2000 sur HBO, Happily Ever After: Fairy Tales for Every Child s’emparait des récits traditionnels pour leur offrir un souffle résolument multiculturel. Oubliez les châteaux germaniques ou les landes danoises : ici, chaque histoire prend vie ailleurs. La Belle et la Bête voyageait en Afrique du Nord, Blanche-Neige dans le Sud-Ouest américain auprès de personnages amérindiens, tandis que Cendrillon devenait une héroïne latine.

Célébrités à profusion et univers revisités

Ce choix artistique fut soutenu par un casting dont la richesse force encore l’admiration. Difficile d’imaginer aujourd’hui un projet rassemblant autant de talents venus d’horizons divers : Denzel Washington endossait plusieurs rôles dont celui du roi dans Rumpelstiltskin, tandis que l’inimitable Whoopi Goldberg, accompagnée du groupe a cappella Rockapella ou encore de Salt-n-Pepa, réinventait l’univers de Mother Goose. L’épisode consacré à Henny Penny surprenait par la présence inattendue de figures politiques et médiatiques américaines telles que Rudy Giuliani, Henry Kissinger ou encore Jesse Jackson. Cette abondance confère à la série un charme rare et démontre l’enthousiasme qu’elle a suscité parmi les célébrités.

L’ambition et ses limites

Il convient cependant de noter que, malgré son intention d’universalité, la série ne proposait qu’une seule incursion hors du corpus européen ou nord-américain avec Ali Baba et les Quarante Voleurs, interprété notamment par Jurnee Smollett. On peut regretter que les folklores asiatiques, africains ou sud-américains n’aient pas eu droit à leurs propres histoires au sein du programme, qui se concentrait surtout sur la réinterprétation plutôt que sur la découverte d’autres traditions.

Sous le regard d’aujourd’hui : une œuvre précurseur ?

Avec le recul, il est frappant de constater combien ce projet précédait des démarches similaires chez les géants du secteur, comme lorsque Disney plaçait La Princesse et la Grenouille dans les bayous louisianais. Certes, quelques épisodes trahissent le rythme effréné propre aux séries animées des années 1990 ; mais revoir Happily Ever After aujourd’hui, désormais accessible sur la plateforme de streaming HBO Max, c’est retrouver non seulement un témoignage rare d’inclusivité mais aussi une pièce importante du patrimoine télévisuel qui mérite plus qu’un simple souvenir nostalgique.