Grèce: une situation politique dans l’impasse
L'échec prévisible des socialistes à la formation d'un gouvernement en fin de semaine dernière a abouti sur un troisième fiasco. La Grèce se dirige lentement mais très sûrement vers de nouvelles élections législatives en juin. Avant une sortie de l’euro ?
La Grèce est sous tension. D’abord, la crise continue à décimer la population. Toutes les heures dix Grecs perdent leur emploi. Ceux qui ont la » chance « de le conserver voient leur salaire fondre. Les suicides sont en augmentation. La commission européenne prévoit pour cette année une récession de 4,7 %.
Et puis il y a la politique qui divise. Après la droite conservatrice, la gauche radicale de Syriza et enfin les socialistes, c’est au tour du président Carolos Papoulias de réussir l’impossible : former un gouvernement. Toutefois l’absence claire de majorité au Parlement et les dissensions politiques marquées entre les partisans de la politique d’austérité emmenée par la troïka (FMI, banques et Union Européenne) et les opposés à ces mesures draconiennes, rendent quasiment déjà caduc l’espoir d’une coalition capable d’éviter la sortie de la Grèce de l’Europe.
« L’impasse »
Dimanche le président Carolos Papoulias a réuni pour une ultime tentative les trois principaux partis élus aux dernières élections législatives. 90 minutes qui ont été qualifiées par le leader socialiste du Pasok, Evangélos Vénizélos « d’impasse ». Dès la sortie de la réunion. Antoniis Samara, chef de la Nouvelle Démocratie a de son côté pointé le refus de Syriza de participer et même de soutenir un gouvernement de coalition. Et cela, en dépit de la promesse faite à la gauche radicale de Syriza de « renégocier » l’accord avec la troïka. « Syriza refuse non seulement d’accepter la formation d’un gouvernement viable mais même d’accorder son vote à un gouvernement qui renégocierait les termes de l’accord » a expliqué le chef des conservateurs. Ce dernier était arrivé à la réunion avec l’intention de proposer un gouvernement de coalition intérimaire d’une durée de deux ans avec pour principale mission de garder le pays dans la zone euro. En vain donc.
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Syriza, parti opposé aux mesures imposées par la troïka mais contre une sortie de la zone euro a jugé par son jeune chef Alexis Tsipras, que les réformes souhaitées par les socialistes et les conservateurs étaient « criminelles ».
Syriza victorieux en cas de nouvelles élections
Il ne manque au Pasok et à Nouvelle Démocratie que deux députés pour obtenir une majorité. Aussi, un accord possible aurait pu être envisagé un moment avec la gauche démocratique du Dimar qui a obtenu 19 sièges au Parlement. Seulement le petit parti pro-européen ne serait prêt à entrer au gouvernement qu’à condition que Syriza, arrivé en deuxième position, en fasse partie. C’est pour cette raison que Fotis Kouvelis, leader du Dimar a déclaré hier avoir « très peu d’espoir » de parvenir à un accord. Aujourd’hui il a même expliqué que : « aucun gouvernement d’unité ne peut voir le jour ».
Il reste pour le président grec Carolos Papoulias jusqu’à jeudi, date de la première séance du nouveau Parlement, pour réussir ce qui serait un véritable tour de force.
Un sondage paru dans l’édition dominicale du journal To Vima ( la Tribune) révélait que 78 % des Grecs veulent rester dans la zone euro et 72 % souhaitent un gouvernement de coalition. En cas de nouvelle élection, la Gauche Radicale, toujours selon le même sondage arriverait en tête avec 20,5 % des voix, devant Nouvelle Démocratie, 18,1 % et les socialistes du Pasok, 12,2 %.
Menaces allemandes
Vendredi dernier, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schaüble a déclaré: « La zone euro peut supporter une sortie de la Grèce », cherchant sans doute à anticiper un éventuel changement des rapports de forces en Grèce.
« Si Athènes ne tient pas parole, ce sera un choix démocratique. La conséquence sera que la base pour de nouvelles aides disparaîtra « , a menacé, samedi, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann.
» Athènes doit respecter son engagement de poursuivre la rigueur et les partis grecs doivent s’efforcer d’unir leurs forces pour constituer une majorité pérenne, un gouvernement pérenne « , a averti le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert.
« Nous espérons que la Grèce restera dans l’euro (…) mais il est évidemment important que le pays respecte les engagements qu’il a pris » a tempéré de son côté la Commission européenne.
La Grèce doit rembourser le 15 mai 435 millions d’euros de dette arrivant à échéance. Les prochaines semaines de la République hellénique s’annoncent homériques.