Finistère : Un médecin « fantôme » rémunéré pendant 30 ans à l’hôpital de Quimperlé
La rémunération de ce praticien absent a coûté plusieurs millions d’euros à l’hôpital et à l'ARS.
Pendant 30 ans ce médecin, dont la situation était apparemment parfaitement connue par la direction de l’hôpital de Quimperlé, a été payé sans avoir à se présenter à son travail.
Des millions d’euros ont été dépensés pour rémunérer ce médecin jugé incompétent par ses pairs qui faisaient toujours partie des effectifs de l’établissement et à qui aucune solution de reclassement n’aurait été proposée.
5,5 millions d’euros en 4 ans
C’est un document publié par la Chambre Régionale des Comptes de Bretagne qui dévoile cette situation ubuesque (un document transmis en août dernier à la direction de l’hôpital de Quimperlé). Ce rapport évoque le cas de ce médecin « absent depuis 30 ans, mais maintenu dans les effectifs et rémunéré » et parti à la retraite en janvier dernier alors que la direction de l’hôpital lui avait demandé de faire valoir ce droit en 2010, ce que le praticien avait refusé.
Un refus certainement motivé par une rémunération particulièrement confortable puisqu’au 31 octobre 2016, ce médecin qui avait été nommé chef de service en 1984 touchait 7400 euros bruts par mois sans devoir justifier quelconque activité. De 2012 à 2016, ce statut particulier aurait coûté 5,5 millions d’euros à l’hôpital.
Incompétence avérée
C’est à partir de cette nomination au poste de chef de service que les problèmes ont commencé pour l’hôpital. « Depuis cette date, plusieurs rapports émanant de diverses instances […] ont relevé des problèmes quant à la manière de servir de ce médecin, mentionnant par exemple “une incompétence avérée” ainsi que des problèmes de comportement, tant vis-à-vis du personnel que des patients, incompatibles avec ses fonctions » indique le rapport de la Chambre des Comptes.
Depuis, les instances, dont la commission médicale de l’hôpital, ont été saisies plusieurs fois sans que la situation du praticien soit débloquée. Une « situation irrégulière » liée selon les magistrats « à une volonté de défense du corps des praticiens hospitaliers ».
Ces mêmes magistrats qui estiment que ce manquement « contrevient à l’intérêt général, aux intérêts du système de santé publique et de protection sociale et altère la pérennité financière de l’établissement ». En effet, pour compenser le surcoût lié à ce médecin, l’hôpital de Quimperlé avait sollicité en 2004 une aide financière de 124 000 euros annuel à l’Agence régionale de l’hospitalisation (ancienne appellation de l’Agence Régionale de Santé).