États-Unis : un musée retire un prix à Aung San Suu Kyi à cause de son silence dans la crise des Rohingyas
Le musée de l'Holocauste de Washington lui avait remis le prix "Elie Wiesel" en 2012. Il critique désormais son inaction.
Depuis la fin de l’été 2017, ce sont près de 700.000 musulmans rohingyas qui ont quitté l’Ouest de la Birmanie pour le Bangladesh voisin. À l’origine de cette fuite, une opération militaire que l’ONU qualifie de campagne d’“épuration ethnique”.
De plus en plus critiquée, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s’est vue retirer mercredi le prix “Elie Wiesel” qui lui avait été accordé il y a 6 ans par le musée de l’Holocauste de Washington.
Un désaveu pour Aung San Suu Kyi
Ce prix avait été décerné en raison à l’époque, de son “action courageuse et son grand sacrifice personnel” contre la junte birmane et de sa lutte pour “la liberté et la dignité du peuple birman”.
Holocaust Museum rescinds Elie Weisel Award to Nobel winner Aung San Suu Kyi #Rohingyahttps://t.co/DaX7XcDBvw
— US Holocaust Museum (@HolocaustMuseum) March 7, 2018
Mais dans son communiqué daté de mercredi, le musée motive ainsi le retrait du prix : “Nous avions espéré que vous – en tant que personne saluée pour votre engagement en faveur de la dignité humaine et les droits de l’homme universels – fassiez quelque chose pour condamner et stopper la brutale campagne militaire, et exprimiez votre solidarité avec la population rohingya”.
“Une rhétorique de haine”
En évoquant le parti politique de la dirigeante, le musée justifie encore : “La Ligue nationale pour la démocratie, sous votre direction, a au contraire refusé de coopérer avec le enquêteurs des Nations unies [et] propagé une rhétorique de haine à l’encontre de la communauté rohingya”.
Désormais, la prix Nobel de la paix 1991 qui se trouve à la tête du gouvernement civil depuis 2016, est d’une part critiquée pour son manque de compassion à l’égard des Rohingyas; et d’autre part pour son silence sur le rôle de l’armée, avec laquelle elle doit collaborer politiquement.