Environnement : À Genève, 180 nations réunies pour combattre le fléau du plastique

Image d'illustration. Décharge de déchets plastiques sous un ciel grisADN
À Genève, des représentants venus de 180 pays se réunissent pour tenter de trouver des solutions à la crise environnementale causée par le plastique, un défi mondial dont l’ampleur et la gravité mobilisent désormais l’ensemble de la communauté internationale.
Tl;dr
- Négociations à Genève pour un traité mondial sur le plastique.
- Pollution plastique : coût estimé à 1 500 milliards par an.
- ONG, scientifiques et industriels défendent des positions opposées.
Un sommet décisif à Genève
Alors que la planète suffoque sous le poids de la pollution plastique, près de 180 pays ont entamé mardi à Genève un nouveau cycle de négociations sous l’égide de l’ONU. Objectif affiché : parvenir, en dix jours, à jeter les bases du premier traité mondial juridiquement contraignant destiné à endiguer ce fléau.
La présidence équatorienne, menée par le diplomate Luis Vayas Valdivieso, n’a pas hésité à rappeler l’urgence d’agir face à une « crise mondiale ». Un contexte marqué, il faut bien l’admettre, par la pression accrue des ONG et d’un public sensibilisé.
L’après-Busan : diplomatie sous tension
Le décor genevois n’a rien d’anodin. Cette session extraordinaire – baptisée CIN5-2 – a été programmée après l’échec retentissant des discussions fin 2024 en Corée du Sud, bloquées par certains pays producteurs de pétrole.
Depuis, les tractations se sont multipliées en coulisse. Selon Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, nombre de délégations sont venues avec la ferme intention de trouver un compromis. « Est-ce que les choses vont être faciles ? Non… Mais il existe un chemin vers un traité », assure-t-elle avec cette détermination propre aux diplomates chevronnés. Désormais, ONG et société civile bénéficient d’un accès élargi aux groupes de travail : substances chimiques, plafonds de production… Les points d’achoppement ne manquent pas.
L’impact sanitaire et économique du plastique en question
Un rapport publié dans la revue médicale The Lancet relance le débat en chiffrant à au moins 1 500 milliards de dollars par an le coût mondial engendré par la pollution plastique – qualifiée de « danger grave, croissant et sous-estimé ». Des voix s’élèvent pour dénoncer ses effets dramatiques sur les plus vulnérables : le médecin américain Philip Landrigan, ou encore le responsable congolais Robert Kitumaini Chikwanine, rappellent que les enfants paient souvent le plus lourd tribut, notamment dans des régions comme la RDC où fleuves et lacs sont saturés de particules plastiques.
Pour marquer les esprits, une installation artistique temporaire – Le fardeau du Penseur – trône devant le siège onusien : une réinterprétation saisissante de Rodin ensevelie sous des déchets, signée par l’artiste canadien Benjamin Von Wong. Il espère ainsi pousser les négociateurs à mesurer l’impact sanitaire du plastique.
Divergences et batailles d’arguments
Mais tous ne s’accordent pas sur la marche à suivre. Si certains acteurs jugent prioritaire d’en finir avec la surproduction de plastiques – position défendue par l’ONG Greenpeace, qui réclame ouvertement une baisse drastique lors des mobilisations genevoises –, les industriels font bloc autour des atouts du matériau : pour le porte-parole du Conseil américain de l’industrie chimique, le plastique reste essentiel pour la santé publique, notamment grâce aux dispositifs médicaux stériles.
Reste maintenant à savoir si ce rendez-vous suisse saura dépasser ces lignes de fracture pour donner naissance au tout premier traité universel contre la pollution plastique.