École 42 : Les étudiantes dénoncent un harcèlement sexuel quotidien
L'école fondée par le PDG de Free Xavier Niel serait un véritable enfer au quotidien pour les jeunes filles.
Sur le papier l’idée de l’Ecole 42, qui permet à des étudiants de se former au code informatique de manière gratuite grâce à une pédagogie innovante et sans condition de diplôme, est particulièrement alléchante.
Pourtant, dans les couloirs de l’école de Xavier Niel, il régnerait un climat particulièrement malsain pour les quelques filles qui y suivent des cours. Ces dernières seraient effectivement régulièrement victimes de comportements sexistes et de harcèlement rendant leur scolarité particulièrement pesante.
Ambiance « vestiaire de football »
Dans un contexte où la parole semble se libérer à propos des comportements sexistes, ce sont nos confrères de l’Usine Nouvelle qui ont recueilli les témoignages édifiants de jeunes femmes qui sont, ou ont été scolarisées à l’École 42.
Ces dernières dénoncent un quotidien délétère, émaillé de blagues sexistes et de comportement déplacés. Ainsi, une étudiante raconte comment elle a dû monter un escalier à reculons pour éviter que l’on regarde sous sa jupe. « Les couloirs de l’école ressemblent à un vestiaire de football. Cette ambiance nous bouffe littéralement. (…) On m’a poursuivie sur un étage et demi — que j’ai dû remonter à reculons — pour voir sous ma jupe. On ne se sent pas en sécurité ici ». Les filles s’interdisaient dès lors de porter des shorts courts ou des jupes.
10 % de femmes
En plus de ces comportements particulièrement dérangeants, les jeunes femmes évoluent au milieu des fonds d’écrans pornographiques, des images dégradantes et des tentatives de drague parfois trop insistantes. Les élèves de l’école, à 90% masculins, ont pris l’habitude de communiquer via compte de l’école sur la messagerie Slack. Là encore, les conversations sont un florilège de contenus pornographiques et misogynes. L’administration, à la demande de certains élèves choqués, a dû prendre la décision de fermer le service. Ce climat ne permet pas aux étudiantes d’étudier sereinement alors que la pédagogie de l’établissement est déjà très difficile à suivre en temps normal.
Interrogée par nos confrères, la direction de l’école ne semble pas choquée outre mesure par ces comportements. « Quelques filles sont venues la voir, car elles ne se sentaient pas bien dans l’école. (Mais) très peu de cas de comportements déviants nous ont été remontés et ceux portés à notre connaissance ont été traités immédiatement et des sanctions, pouvant aller du travail d’intérêt général à l’exclusion, ont été prises », a ainsi déclaré Fabienne Haas, directrice de la communication. Cette enquête de l’Usine Nouvelle n’est qu’une illustration du sexisme ambiant qui règne dans de nombreuses entreprises du numérique.