Difficultés à arrêter de fumer : une mutation génétique serait en cause
Des chercheurs français pourraient bien avoir trouvé la raison pour laquelle certains fumeurs ont plus de difficultés que d'autres à arrêter le tabac. Il serait ainsi question d'une mutation génétique causée par l'absorption de nicotine.
On peut s’autoriser à penser qu’une portion significative des fumeurs est consciente du ravage du tabac sur leur organisme. Et si ces personnes continuent malgré tout de fumer, est-ce pour autant de leur faute ? D’après les résultats d’une étude conduite par des chercheurs français que publie Current Biology, la réponse peut-être à la fois oui et non.
Des travaux conduits par l’équipe du professeur Benoît Forget et du directeur de recherche Uwe Maskos de l’Institut Pasteur de Paris et du CNRS. Pour mieux comprendre l’objet de l’étude, BFMTV.COM rappelle que l’addiction est provoquée par la nicotine, soit le principal composé psychoactif du tabac.
Mutation d’un gène codeur : 33% des fumeurs européens seraient concernées
En fumant, cette nicotine vient se loger dans le cerveau, en s’accrochant plus précisément sur des récepteurs nicotiniques. Ce qui amène le fumeur à se sentir bien lorsqu’il absorbe de la nicotine. Ces récepteurs, nous dit-on, se divisent en cinq unités nommées α1, α2, α3, α4 et α5. C’est une mutation génétique opérée sur cette dernière unité qui rendrait certains fumeurs moins disposés à se passer du tabac. En Europe, 33% de la population serait directement concernée.
L’étude des chercheurs français s’est attachée à approfondir les recherches menées sur cette mutation. Après l’avoir appliquée sur le génome de rats de laboratoire, les scientifiques ont non seulement observé une consommation de nicotine plus élevée chez ces rongeurs, mais également une rechute plus importe après sevrage.
Des neurones moins sollicités dans le noyau interpédonculaire
Cette mutation génétique entraînerait une réduction de l’activité neuronique au sein de “noyau interpédonculaire”, où les récepteurs nicotiniques α5 sont le plus nombreux. Conséquence de neurones moins sollicités à cet endroit, une sensation de manque.
Et les auteurs de l’étude de conclure : “Ces résultats suggèrent qu’un médicament capable d’augmenter l’activité des récepteurs nicotiniques dans le noyau interpédonculaire pourrait permettre de réduire la consommation de tabac et le risque de rechute après sevrage”.