Des milliers de mariages forcés en Grande-Bretagne
Le "Guardian" a mené l'enquête sur un fait social qui n'est que trop rarement condamné.
Le quotidien The Guardian a mené l’enquête sur les mariages forcés en Grande-Bretagne. Leur nombre relevé par les ONG et associations diverses serait de plus de 3.500 entre 2014 et 2016.
Mais ce ne pourrait être que la partie immergée de l’iceberg, tant la parole est difficile à libérer, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes.
Un crime “terriblement sous-estimé”
Dans le compte-rendu de son enquête, le quotidien rapporte les mots de Jasvinder Sanghera, à la tête de l’ONG Karma Nirvana. Cette dernière, depuis qu’elle a mis en place un accueil téléphonique, aurait reçu plus de 8.870 appels et témoignages rien que pour l’année 2017.
“Nous savons qu’il y a des millions de femmes, de filles, mais aussi d’hommes, victimes de mariages forcés en Grande-Bretagne. Pourtant, ce crime demeure terriblement sous-estimé”, a-t-elle déclaré. Et ce, malgré que dans le royaume, le mariage forcé soit criminalisé depuis 2014; mais le nombre de condamnations n’est pas à la hauteur des estimations.
Une police spécialisée unique en Europe
Si le nombre de ces mariages est sans doute encore beaucoup plus grand, c’est que les victimes ne parlent pas, si ce n’est aux organismes qui leur viennent en aide. Mais aussi et surtout, elles redoutent de porter plainte car ce sont les parents qui en sont à l’origine.
Royaume-Uni : Une mère reconnue coupable d’avoir forcé sa fille à se marier
Cependant, le Royaume-Uni est la seule nation d’Europe à avoir mis sur pied une unité de police uniquement dédiée à ces cas. La Forced Marriage Unit est ainsi intervenue sur 2015-2016 plus de 1.200 fois. Mais le fossé est encore très important entre cas véritables, témoignages reçus et condamnations par la justice.
Quoi qu’il en soit, les militants tentent de toutes leurs forces faire reconnaître aux autorités le terme d'”esclavage moderne”. L’une d’elle, Parosha Chandran, explique au Guardian : “La définition moderne de l’esclavage ne requiert pas qu’une personne soit la propriété d’une autre, mais qu’elle soit traitée comme telle. Il est crucial que les autorités en prennent conscience dans le cas des mariages forcés”.