Dès mai 2026, les agents de l’Éducation nationale devront souscrire à une mutuelle obligatoire

Image d'illustration. Enseignant, école, classe. ADN
Dès mai 2026, l’ensemble des agents travaillant pour l’Éducation nationale devront obligatoirement souscrire à une mutuelle spécifique, marquant ainsi la fin du libre choix de leur complémentaire santé au sein de ce secteur public.
Tl;dr
- Adhésion obligatoire à la MGEN pour les agents.
- Coûts en hausse, garanties parfois inférieures dénoncées.
- Malaise croissant et appels à renégocier le contrat.
Une réforme qui crispe la communauté éducative
Le monde de l’Éducation nationale traverse une nouvelle zone de turbulences. Depuis l’ouverture d’une courte campagne d’affiliation, enseignants, AESH, AED et retraités apprennent qu’ils devront désormais s’assurer auprès de la MGEN, suite au choix du groupement MGEN-CNP Assurances, seul candidat retenu par le ministère pour gérer le nouveau régime collectif obligatoire de protection sociale complémentaire en santé. Pour nombre d’agents, le passage à ce système unique représente bien plus qu’un simple changement administratif.
Coup dur sur la facture et les garanties
En parcourant les messages publiés sur les réseaux sociaux, la déception affleure : « Je viens de refaire mes calculs… C’est une perte de 347 euros par an pour moi, une perte de 429 euros pour l’État ! », détaille un agent. Même son de cloche chez Evelyne, institutrice dans l’Est : elle évoque « une quarantaine d’euros supplémentaires par mois pour des conditions moins avantageuses sur plusieurs postes coûteux », citant remboursements dentaires ou orthophoniste. Beaucoup constatent que pour retrouver leurs anciens niveaux de prise en charge, ils devront souscrire des options supérieures – avec, à la clé, une hausse pouvant aller jusqu’à 20%. Le tout alors même que la participation employeur est revue à la hausse.
Parmi les points qui inquiètent particulièrement :
- L’absence de garantie prévoyance dans le nouveau contrat collectif.
- L’obligation de choisir entre trois formules dont le socle jugé « vraiment faible ».
- La menace d’une affiliation automatique sans remboursement possible si l’on ne répond pas sous vingt-et-un jours.
Doutes sur les choix politiques et économiques
Au-delà des aspects pratiques, cette réforme nourrit un malaise plus profond : certains agents voient là une dérive vers une privatisation rampante du système de protection sociale. Comme l’exprime le député LFI Paul Vannier, « Cela conduit au renchérissement des frais… alors que dans le même temps on sert les profits d’un acteur privé ». La question des inégalités est également soulevée : pourquoi garantir aux personnels de l’Éducation nationale des conditions moins favorables que dans d’autres ministères ? Les syndicats – notamment le Snes-FSU, farouchement opposé à la mesure – dénoncent une réforme imposée qui « rompt les solidarités intergénérationnelles » et accroît la marchandisation.
L’appel à témoigner et les perspectives
Face à ce sentiment généralisé d’injustice et à la perspective d’une facture encore alourdie lorsque seront connus les tarifs prévoyance au printemps prochain, les voix se multiplient pour réclamer un réexamen du dossier. Un formulaire en ligne circule déjà afin que chaque agent puisse partager sa situation ; selon Paul Vannier, près de deux mille témoignages auraient été collectés en vingt-quatre heures. Tandis que les marges de négociation semblaient ténues lors du choix du prestataire, c’est désormais auprès du gouvernement que se porte l’interpellation – non sans inquiétude quant à l’avenir proche pour ces professionnels déjà fragilisés.