Dépression : le gaz hilarant comme alternative aux traitements classiques ?
Très décrié pour son usage récréatif ces derniers mois, le protoxyde d'azote pourrait présenter un intérêt dans le traitement de la dépression chez les patients qui ne supportent pas les traitements "classiques".
Si de nombreux traitements médicamenteux existent aujourd’hui pour aider les personnes atteintes de dépression, bon nombre d’entre eux ont des effets secondaires parfois compliqués à gérer au quotidien. Pire, certains patients ne voient aucune amélioration de leur état malgré ces traitements.
Une lueur d’espoir pourrait cependant venir d’un produit très accessible et très simple à la fois : le protoxyde d’azote appelé également « gaz hilarant ».
Des tests encourageants
Les résultats de l’étude du professeur Peter Nagele, anesthésiste à la Washington University School of Medicine, ont été publiés dans la revue scientifique Science Translational Medicine. Tout commence en 2014 lorsque les équipes de ce spécialiste découvrent que l’inhalation de protoxyde d’azote chez certains patients dépressifs avait fait disparaître momentanément les symptômes dépressifs.
Forts de cette première observation, les chercheurs décident de mener une étude plus approfondie sur 24 patients tests. Ces « cobayes » étaient divisés en plusieurs groupes dont l’un recevait une dose complète de protoxyde d’azote pendant une heure une fois par mois pendant trois mois. Le second groupe recevait une demi-dose et le troisième un placebo.
En deux semaines, les chercheurs ont remarqué que les symptômes dépressifs disparaissaient de 5 points sur l’échelle utilisée pour classifier ces derniers chez les patients ayant reçu une demi-dose. Un résultat similaire chez les patients ayant reçu des doses complètes, mais chez qui le gaz provoquait des effets secondaires plus marqués.
Un mécanisme à approfondir
Selon les chercheurs, la molécule N-méthyl-D-aspartique contenue dans le protoxyde d’azote agit sur les récepteurs nerveux du cerveau à l’instar de ce que produit la kétamine, utilisée également dans le traitement de la dépression. La molécule permet de calmer rapidement les symptômes de la dépression, mais pour le moment, les chercheurs ne comprennent pas encore les mécanismes qui entrent en jeu lors de l’ingestion du gaz hilarant. L’étude va suivre son cours et si les résultats sont concluants, la thérapie à base de gaz pourrait se démocratiser dans les années à venir.
Rappelons que l’usage du protoxyde d’azote est dans le viseur des autorités sanitaires depuis plusieurs années. De plus en plus de personnes, en particulier des adolescents, l’utilisent à des fins récréatives sans mesurer les risques pour leur santé.