Déchéance de nationalité : Dounia Bouzar se sépare du ministère de l’Intérieur
Après Christiane Taubira, c'est au tour de Dounia Bouzar de signifier par une action forte son opposition à l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. La directrice générale du CPDSI ne collaborera ainsi plus avec le ministère de l'Intérieur.
Dounia Bouzar assure la direction générale du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Du moins jusqu’au printemps prochain, où la structure va se voir ainsi dissoute après la remise d’un ultime bilan comptable et pédagogique.
Cette décision, l’ex-éducatrice l’a annoncée jeudi en expliquant que la fin de sa collaboration avec le ministère de l’Intérieur était à associer avec la persistance du gouvernement à vouloir inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution. À noter au passage que le marché du CPDSI pouvait être tacitement reconduit en avril 2016. Les préfectures seront appelées à prendre en charge les quelque 771 jeunes suivis par le centre en 2015.
Dounia Bouzar : sa structure de prévention de l’islam radical sera dissoute au printemps
Auprès de nos confrères de Libération, la fille de Dounia et présidente du CPDSI Lylia Bouzar a expliqué avoir attendu “le plus possible” l’évolution des discussions sur l’extension de la déchéance de nationalité : “Lorsqu’on a compris que le gouvernement poursuivait dans son entêtement, on a dit stop”. Et Lylia d’ajouter qu’à ses yeux, cette inscription “remet en cause toute la politique publique du ministère de l’Intérieur à laquelle on avait adhéré en 2014. On ne peut pas accepter de relier les origines à un engagement jihadiste”.
“L’amalgame renforce toujours les radicaux” : la CPDSI opposée à la déchéance de nationalité
Le communiqué de la CPDSI évoque un mensonge déguisé du gouvernement envers ses citoyens : “Faire croire aux Français que la déchéance sera un symbole pour lutter contre Daech est une réponse déconnectée de la réalité […]. L’amalgame renforce toujours les radicaux”. Pour la présidente du centre de prévention, plusieurs familles suivies par le CPDSI ont été blessées dans leur chair par les récents débats politiques : “Elles craignent que leurs enfants ne soient pas pris en charge de manière individuelle”. Le ministère de l’Intérieur salue pour sa part l’action de la directrice générale et le timing de son annonce : “Dounia Bouzar a effectué un excellent travail et nous étions prêts à continuer avec elle. Elle nous a annoncé son choix d’arrêter à l’avance et en bonne intelligence. Elle ne nous laisse pas en rase campagne”.