Cuba-Etats-Unis : un dégel historique
Etats-Unis et Cuba ont annoncé mercredi le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues en 1961.
En conclusion de 18 mois de négociations menées dans le plus grand secret, les Etats-Unis de Barack Obama et Cuba de Raul Castro, ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques ainsi que d’une partie de leurs relations commerciales.
L’accord, qui a bénéficié de l’entremise du pape François et du Canada entre autres, a été scellé par un long entretien téléphonique entre les deux hommes dans la soirée de mardi. Ce dégel est dû en grande partie à la libération d’Alan Gross, un citoyen états-unien retenu depuis 5 ans à Cuba auquel il était reproché d’avoir introduit du matériel de transmission par satellite dans l’île. 3 Cubains retenus depuis 2001 pour espionnage aux Etats-Unis ont été dans la foulée été libérés et ont rejoint leur pays.
Barack Obama : “Nous sommes tous des Américains”
“Todos somos americanos”, a déclaré le président Obama, “Nous sommes tous Américains”. Comprendre, “nous sommes tous originaires du continent américain”. La formule, qui est une sorte d’écho à l’historique “Ich bin en Berliner” de Kennedy en 1963, est assortie de ce qui ressemble à des excuses : “Il est évident que ces décennies d’isolation ont échoué à atteindre notre objectif, à savoir l’émergence d’une démocratie. Nous ne voulons pas que les sanctions américaines s’ajoutent au fardeau des citoyens cubains, que nous cherchons à aider”.
Si l’Europe, l’ONU et tout le continent sud-américain saluent ce dégel historique, la Russie est quant à elle plus réservée. Le ministre des Affaires étrangères à Moscou espère que “Washington reconnaîtra le peu de succès de ce type de pressions sur d’autres pays”. Le message est passé, pas besoin de clin d’oeil : la Russie est l’objet de sanctions en regard de la situation de crise en Ukraine.
La grogne est également forte chez les Cubains de Floride, qui haïssent la famille Castro. Marco Rubia, sénateur républicain et fils d’immigrés, a déclaré : “Les Etats-Unis accordent des concessions historiques à Cuba, et obtiennent peu en retour”.
Un assouplissement de l’embargo sur Cuba
La diplomatie est rétablie, très bien. Qu’en est-il de l’embargo ? Si celui-ci n’est pas totalement levé, il met fin à un quasi-isolement de l’île communiste. Les sociétés des Etats-Unis pourront exporter certains produits, comme des matériaux de constructions. Les fournisseurs d’accès internet et télécoms vont également pouvoir étendre leur réseau jusqu’à Cuba, qui n’est distante que de 150 km des Etats-Unis.
Hormis ces considérations économiques, l’Histoire est en marche. Mais comme l’a rappelé Obama, “n’attendez pas que le changement se fasse en une nuit, ce sera long”.