Crise des Rohingya : l’ONU reproche à Facebook d’y jouer un rôle “déterminant”
En laissant se propager des discours haineux contre ce groupe ethnique, Facebook jouerait un rôle "déterminant" dans la crise des Rohingya actuellement observée en Birmanie. C'est en tout cas l'avis récemment exprimé par des experts de l'ONU.
La crise des Rohingya secouant la Birmanie depuis août dernier serait partiellement alimentée par Facebook. Un groupe d’experts de Nations unies (ONU) a ainsi récemment estimé que le réseau social joue un rôle “déterminant” dans cette situation, en laissant se propager des discours haineux et des appels à la violence contre le groupe ethnique.
Marzuki Darusman, à la tête de la mission internationale mandatée par l’ONU sur les violations de droits humains en Birmanie, a déclaré lundi que les réseaux sociaux ont “substantiellement contribué au niveau d’animosité, aux dissensions et au conflit”. Avant de préciser que la plate-forme Facebook est la principale concernée.
Facebook déjà montré du doigt en 2017 concernant la crise des Rohingya
Dans des propos rapportés par Le Monde, Yanghee Lee, rapporteuse de la situation des droits humains au pays birman, appuie les propos de Marzuki Darusman en indiquant que si Facebook a aidé au développement de la Birmanie, il a également été utilisé pour y propager des messages de haine.
“Nous savons que les bouddhistes ultranationalistes ont des comptes Facebook, et qu’ils incitent à beaucoup de violence et de haine contre les Rohingya et d’autres minorités ethniques.” On rappellera qu’en septembre dernier, la firme de Mark Zuckerberg avait déjà été montrée du doigt pour une censure qu’elle aurait opérée sur des comptes de Rohingya.
Une mesure notable prise par le réseau social en février
Comme pour répondre à ces critiques, Facebook avait, en février de cette année, clôturé le compte d’un moine bouddhiste extrémiste considéré comme l’un des propagateurs de l’islamophobie en Birmanie. Un porte-parole du réseau social avait alors déclaré que cet utilisateur diffusait “la haine et la violence” sur sa page.
Le représentant avait de même rappelé que “si une personne partage régulièrement du contenu faisant la promotion de la haine, nous pouvons prendre une série de mesures telles que la suspension temporaire de sa capacité à poster et, finalement, la suppression de son compte”.
Depuis août 2017, quelque 700.000 Rohingya ont été contraints de s’exiler au Bangladesh sur pression de l’armée birmane. Environ 6.700 membres de ce groupe ont été tués, un chiffre incluant au moins 730 enfants de moins de 5 ans.