Couverture consacrée à Bertrand Cantat : Les Inrocks reconnaissent un choix “contestable”
Dans un édito intitulé "À nos lecteurs", le magazine revient sur la vive polémique engendrée par cette Une.
Une semaine après la Une des Inrocks consacrée à l’ancien leader de Noir Désir et portant le titre Cantat en son nom, le magazine Elle faisait savoir qu’il répondait par une Une intitulée Au nom de Marie.
Mardi, l’hebdomadaire culturel a publié un éditorial, non signé, dans lequel il revient sur l’immense polémique née de ce choix.
“A nos lecteurs”
Suite aux vifs débats engendrés par cette couverture, Les Inrocks explique en préambule, que “Ces messages nous ont touchés, parfois bouleversés. Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé le besoin de nous rassembler, de parler, de débattre”.
Concernant les opinions au sein de la rédaction, l’édito poursuit : “Un journal est un bloc, mais c’est aussi un groupe d’individus qui, naturellement, ne sont pas tout le temps d’accord sur tout, et notamment sur cette couverture”.
En revanche, l’unanimité se forme bien “contre les violences envers les femmes, contre le sexisme et pour l’égalité entre les sexes. Ceci est une évidence”. Toutefois, “le journalisme exige, parfois, d’aller questionner les zones d’ombre, d’aller au-delà des frontières et des évidences, quelles qu’elles soient”. Et les réseaux sociaux ne sont pas laissés de côté : “Le journalisme, ce n’est pas simplement une posture morale qui consiste à lever ou à baisser le pouce”.
“Le mettre en couverture était contestable”
Autre justification, “l’histoire de Bertrand Cantat fait partie de celle des Inrockuptibles, depuis les années 1980. Noir Désir a été l’un des groupes qui ont construit l’identité de ce journal, à tel point que nous lui avions confié, en 1997, les rênes d’un numéro dont il était rédacteur en chef invité. Et c’est pour cela que nous nous sommes sentis légitimes, en 2013 déjà, à redonner la parole à Bertrand Cantat pour la toute première fois”.
Concernant cette fois l’affaire de la couverture, l’hebdomadaire reconnaît que “Le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets”. Selon lui, il était avant question de poser celle-ci : “pourquoi et comment faire de la musique quand on a tué une femme ?”. Et de rappeler qu’elle a “a largement dépassé Les Inrockuptibles”.
Quoi qu’il en soit, le magazine affirme qu’il ne cessera de “(…) poursuivre dans ces colonnes (notre) lutte contre les violences faites aux femmes. A continuer chaque jour le travail de déconstruction d’une domination masculine qui écrase les femmes, comme le prouve l’enquête que nous consacrons cette semaine au milieu du cinéma après la révélation de l’affaire Weinstein”.