Contrôles au faciès : une probabilité 20 fois plus forte pour les jeunes noirs et arabes
Une enquête du Défenseur des droits révèle notamment qu'en France, les jeunes noirs et arabes sont 20 fois plus susceptibles d'être contrôlés par les autorités que les autres composantes de la population.
Alors que la problématique de contrôles au faciès avait été récemment examinée par la justice en 2015, suite à la volonté de treize citoyens français de faire condamner l’État responsable selon eux de discriminations à leur égard, le sujet revient fort dans l’actualité par la publication d’une enquête du Défenseur des droits Jacques Toubon.
Diffusée vendredi et relatée par nos confrères du Parisien, cette étude révèle notamment que les jeunes individus “perçus comme noirs ou arabes” ont “une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés et vivent des relations plus dégradées avec les forces de l’ordre”.
Jeunes noirs et arabes : “des relations plus dégradées” avec la police
Précisons que l’enquête a été conduite l’an passé en France métropolitaine auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 5.117 personnes. Dans l’ensemble, les contrôles ciblent plus spécifiquement la jeunesse, avec la composante du faciès évoquée pour une large majorité de ces cas :
“Au sein de la population générale, si seulement 16% des personnes déclarent avoir été contrôlées dans les cinq dernières années, cette proportion atteint près de 40% parmi les jeunes de 18-24 ans. Les jeunes hommes du même âge perçus comme noirs ou arabes/maghrébins sont encore plus concernés puisque 80% d’entre eux rapportent avoir été contrôlés au moins une fois par les forces de l’ordre sur la même période”.
Plus “tutoyés,” “insultés” et “brutalisés”
Alors qu’en général, les personnes sondées ont été 16% à déclarer avoir été tutoyées par les forces de l’ordre, cette proportion grimpe à 40% pour, encore une fois, les jeunes noirs et arabes. Une catégorie aussi sensiblement plus insultée que l’ensemble de la population par la police (21% contre 7%) et davantage brutalisée (20% contre 8%).
Des situations que les victimes supposées pourraient rapporter aux autorités supérieures, ne serait-ce que parce que l’affaire mentionnée plus haut s’était conclue par une condamnation de l’État. Il s’avère pourtant que “les personnes déclarant des manquements à la déontologie professionnelle lors des contrôles engagent très rarement des démarches pour faire reconnaître cette situation (5%), principalement parce que ces démarches sont considérées comme inutiles”.