Conseiller à un dépressif de se remuer est généralement contre-productif
Un psychiatre l'affirme : conseiller à une personne atteinte de dépression de se secouer n'amène généralement pas ce patient au résultat attendu. Cette indication peut même se révéler contre-productive.
Comment venir en aide à un dépressif avec les moyens du bord ? Pour le psychiatre et médecin chercheur Fabien Vinckier, il apparaît en tout cas certain que les conseils du type “remue-toi”, “bouge-toi” ou encore “secoue-toi un peu” n’aboutissent généralement pas au résultat espéré.
Bien sûr, on peut considérer que dans la majorité des cas, ces conseils sont dispensés avec l’intention véritable d’aider et d’améliorer la situation de cette personne. Mais dans son article publié sur Slate.fr, Fabien Vinckier souligne que de l’aveu même des patients, “ces conseils et injonctions peuvent s’avérer culpabilisants et finalement contre-productifs”.
Dépression : inciter à se secouer, un conseil à la portée culpabilisante
Le psychiatre donne ensuite des clés pour mieux se représenter la dépression, qui ne comprend ainsi pas seulement un “excès d’affects dits négatifs” comme “l’état de tristesse”, “les idées suicidaires” ou “une souffrance psychique”, mais aussi un “défaut d’affects positifs”.
Et parmi eux, on trouve un abandon de volonté (aboulie) et d’entreprendre (apragmatisme), la perte de l’élan vital (athymhormie) et l’incapacité de ressentir du plaisir (anhédonie). Des affects pouvant être ressentis pour des périodes transitoires, ou “coups de mou”, mais qui peuvent perdurer pour les personnes atteintes de dépression.
Interrogations sur deux mécanismes
Le médecin poursuit plus loin en affirmant que, “de la même manière qu’il serait absurde d’exiger d’un patient atteint de diabète qu’il demande à son pancréas de ‘faire un effort’ ou à un autre s’étant cassé la jambe d’avoir moins mal ou de courir, il est absurde d’exiger d’un ‘malade de la motivation’ de se montrer un peu plus volontaire”.
Dans ce cas, comment réagir d’une manière un tant soit peu adéquate ? La réponse ne tient pas en une simple phrase, même s’il convient d’abord de considérer que les conseils incitant à se reprendre en main peuvent représenter “une ascension phénoménale” à effectuer du point de vue du patient.
Fabien Vinckier conclut son article en appelant donc à la retenue : “Dans le futur, il sera sans doute possible de distinguer, chez un proche atteint de dépression, lequel des deux mécanismes est impliqué [NDLR : celui de la valeur de la récompense ou celui du coût de l’effort]. En attendant, abstenons-nous, déjà, de l’accabler par un ‘si on veut, on peut'”.