Cinéma : ces films dont le tournage a viré au cauchemar
Le récent drame survenu sur le tournage du western "Rust" n'est pas un cas isolé dans le monde du cinéma.
Il y a quelques jours, le 21 octobre 2021, l’acteur Alec Baldwin a accidentellement mais mortellement blessé la directrice de la photo du film Rust lors du tournage alors que l’arme qu’il utilisait était supposément à blanc. Quelques jours après le drame, un technicien qui fermait le plateau dont le tournage était alors définitivement arrêté a été mordu par une recluse brune, une araignée venimeuse que l’on peut croiser dans le sud de la France.
Depuis, à l’heure où nous tapons ces lignes, Jason Miller est hospitalisé et les médecins font tout pour éviter l’amputation de son bras qui présentait une nécrose.
Si tous les films présentés ci-dessous n’ont pas connu de fins tragiques, certains ont été marqués du sceau de terribles difficultés survenues pendant leur tournage.
The Crow (1994)
Le tournage de ce film fantastique a été endeuillé par la mort de l’acteur principal, Brandon Lee, fils du mythique Bruce Lee. Là encore, c’est une arme normalement à blanc qui a causé sa mort, car un morceau de balle était resté coincé dans le barillet du pistolet. L’acteur avait 28 ans.
Mais ce n’est pas tout : toujours durant le tournage, un charpentier a fini gravement brûlé, un autre ouvrier s’est blessé et un dernier, mécontent, a foncé avec sa voiture sur un lieu de stockage de matériel. Enfin, une tempête a ravagé des décors extérieurs.
Apocalypse Now (1979)
Dire que le tournage du chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola, Palme d’Or à Cannes en 1979 (ex-aequo avec Le Tambour) fut long et éprouvant relève de l’euphémisme.
Par quoi commencer ? La durée du tournage, pour donner une idée de l’étendue du calvaire : d’abord prévue pour quelques semaines, 15 mois furent nécessaires. Une durée à laquelle il faudra ajouter 3 ans pour le seul montage.
Martin Sheen, l’un des acteurs principaux, fit un infarctus que Coppola cacha à la production par crainte que le tournage soit abandonné. Marlon Brando, dont c’était là le dernier grand rôle, a pesé de toute sa mégalomanie sur le tournage : arrivé sur les lieux avec plusieurs semaines de retard, en surpoids de plusieurs dizaines de kilos, il n’avait pas lu le roman dont était tiré le film (Au cœur des Ténèbres, de Joseph Conrad) et mécontent des lignes écrites pour lui, il se mit à improviser. Cependant, sa performance est restée dans la légende du cinéma.
“Mon film n’est pas un film. Mon film ne traite pas du Vietnam. Il EST le Vietnam. Exactement comme il était. C’était fou. Et la façon dont nous l’avons tourné était très proche de celle dont les Américains ont fait la guerre au Vietnam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions accès à trop d’argent, trop de matériel, et peu à peu nous sommes devenus fous”, dira le réalisateur à Cannes en 79. Ah oui, pour terminer : ici aussi, une tornade avait balayé une partie des décors extérieurs du film.
L’Exorciste (1973)
Ce film réalisé par William Friedkin est considéré à juste titre comme l’un des films d’horreur les plus réussis, un classique parmi les classiques. Mais sur le plateau et en dehors, les incidents ou drames se sont succédé.
Citons la blessure de l’actrice Ellen Burstyn, qui campe le personnage de la fillette possédée : une chute pendant le tournage de la mutilation au crucifix la laisse gravement blessée au dos. Jack MacGowran, qui jouait Burke Dennings, meurt de complications à la suite d’une épidémie virale de grippe peu de temps après avoir tourné sa dernière scène.
Le fils de Jason Miller, ce dernier incarnant le Père Damien Karras, fut percuté par une moto sur une plage pendant le tournage, tenant éloigné son père le temps de son rétablissement.
Un incendie mystérieux en studio a aussi été à l’origine d’un retard de 6 semaines dans le tournage.
L’Homme qui tua Don Quichotte (2018)
Le tournage du film de Terry Gilliam débute en 2000 avec Jean Rochefort dans le rôle-titre et dans la région de Madrid. D’abord, ce sont les incessants passages d’avions militaires qui empêchent la prise de son directe. Le lendemain, de fortes pluies ravagent une partie du matériel. Comme si cela ne suffisait pas, avant la fin de la première semaine de tournage, Jean Rochefort souffre d’un violent mal de dos, et on lui diagnostique une double hernie discale qui le met définitivement hors-jeu, tout comme le tournage. De ce fiasco naîtra le documentaire Lost in La Mancha (2002).
En 2008, Terry Gilliam remet la main sur les droits et le scénario est ré-écrit, cette fois avec Robert Duvall et Ewan McGregor. Seulement, c’est la perte du financement qui aura raison de cette deuxième mouture.
Nouvelle étape en 2011, quand Gilliam annonce un tournage l’année suivante avec encore Robert Duvall mais avec un McGregor remplacé par Owen Wilson. Mais une fois encore, c’est l’argent qui va mettre fin au projet.
Deux autres projets sont avortés par la suite : John Hurt et Jack O’Connell (2014-2016), Michael Palin et Adam Driver (2016) jusqu’à ce que celui réunissant Jonathan Pryce et Adam Driver voit le jour, permettant la fin du tournage en juin 2017 pour une sortie sur écrans en 2018.