CHU de Besançon : Un dermatologue de renommée dénonce de « graves dérives »
Philippe Humbert, spécialiste du cancer de la peau reconnu à l’international, dénonce dans une interview les graves dysfonctionnements auxquels il a été confronté au CHU de Besançon.
Le professeur Philippe Humbert est reconnu dans le monde entier comme une sommité en matière de dermatologie. Inutile donc de préciser que sa parole est difficile à remettre en cause lorsqu’il s’agit de son domaine de prédilection.
Ce dernier dénonce auprès de nos confrères du Parisien de graves dysfonctionnements qui touchent le CHU de Besançon depuis plusieurs années qui l’ont notamment poussé à quitter un poste de chef de service qu’il occupait depuis 22 ans.
Maltraitance et non-respect des procédures
C’est à la suite de nombreuses plaintes de patients que l’ancien chef de service s’est saisi du dossier. Philippe Humbert raconte que ces patients se plaignaient « de maltraitance, d’avoir été renvoyés chez eux sans diagnostic » et subissaient « des propos abrupts du type “Vous avez 15 % de chances de vous en sortir” ».
Ce n’est pas le seul problème pointé du doigt par Philippe Humbert qui évoque également des manquements aux règles encadrant les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) qui permettent de décider le traitement d’un patient atteint d’un cancer. Au moins 20 réunions de ce type n’auraient pas été tenues dans les règles entre 2014 et 2015, ce qui aurait conduit à des traitements par chimiothérapie sans l’avis d’un chirurgien et/ou d’un radiothérapeute. Des documents auraient également été falsifiés, en indiquant le nom de médecins sur des documents alors qu’il s’agissait d’internes.
Un collectif de malades pourrait porte plainte
Pour Philippe Humbert, le CHU aurait « forcé » les traitements par chimiothérapie pour plusieurs raisons. Financièrement, ce type de traitement est plus rémunérateur pour les hôpitaux. Le spécialiste soupçonne également de liens étroits avec les laboratoires pharmaceutiques ou la volonté de faire figurer l’établissement au sommet des classements des services de dermatologie français.
En plus de ces déclarations de Philippe Humbert, 46 courriers auraient ainsi été adressés à la direction de l’hôpital par malades pris en charge entre 2014 et 2016 par les médecins du service. Certains de ces malades regroupés en collectif auraient indiqué leur volonté de porter plainte contre l’établissement.
Depuis ces révélations et sa démission du poste de chef de service, Philippe Humbert travaille toujours pour le CHU de Besançon dans une ambiance particulièrement tendue. La direction de l’établissement a indiqué dans un communiqué se réserver le droit de déposer plainte pour diffamation à l’encontre du professeur Humbert.