Ces microbes peuvent digérer les plastiques à des températures basses
Des chercheurs ont trouvé des microbes capables de décomposer les plastiques à température ambiante ou presque. Une belle promesse, mais il reste encore beaucoup à faire.
Des chercheurs ont découvert des microbes dans les Alpes et l’Arctique qui ont l’étonnante capacité de décomposer le plastique sans avoir besoin de températures élevées. Bien qu’il ne s’agisse là que d’une découverte préliminaire, être en mesure de décomposer les déchêts plastiques industriels de manière efficace et efficiente pourrait donner aux scientifiques un nouvel outil pour tenter de réduire les dégâts sur notre environnement.
Des chercheurs ont trouvé des microbes capables de décomposer les plastiques à température ambiante ou presque
Les experts du Swiss Federal Institute WSL ont publié leurs découvertes cette semaine dans Frontiers in Microbiology, détaillant comment des bactéries et des champignons des régions polaires et des Alpes suisses, adaptés aux basses températures, digèrent la plupart des plastiques qu’ils ont testés, et ce, avec des températures basses, voire normales. Cette dernière condition est très importante parce que les microorganismes dévoreurs de plastique ont normalement besoin de températures très élevées pour faire leur magie. “Plusieurs microorganismes pouvant faire cela ont déjà été découverts, mais lorsque leurs enzymes qui rendent le processus possible sont appliqués à une échelle industrielle, ils ne fonctionnent souvent qu’à des températures au-dessus de 30 °C. […] Cette chaleur nécessaire signifie que les applications industrielles restent coûteuses à ce jour, et ne sont pas neutres en carbone.”
Malheureusement, aucun des microorganismes testés n’est parvenu à décomposer le polyéthylène non-biodégradable (PE), l’un des plastiques que l’on trouve le plus dans les produits et emballages grand public. Mais 56 % des souches testées ont pu décomposer le polyester-polyuréthane biodégradable (PUR) à 15 °C. D’autres ont pu se débarrasser de composés biodégradables de polybutylène adipate téréphtalate (PBAT) et d’acide polylactique (PLA). Les deux plus efficaces semblent être les champignons Neodevriesia et Lachnellula ; ils décomposent tous les plastiques testés, à l’exception du PE donc.
Une belle promesse, mais il reste encore beaucoup à faire
Les plastiques sont une invention trop récente pour que des microorganismes aient pu évoluer pour les décomposer. Mais les chercheurs mettent en avant comment la sélection naturelle les équipent aujourd’hui pour décomposer la cutine, la couche protectrice des plantes qui a beaucoup en commun avec les plastiques. “Les microbes peuvent produire une grande variété d’enzymes dégradant les polymères impliquées dans la décomposition des cellules des plantes. En particulier, ces champignons pathogènes pour les plantes sont souvent capables de biodégrader les polyesters, grâce à leur capacité à produire la cutinase qui cible les polymères plastiques grâce à leur ressemblance avec la cutine des plantes”, explique le Dr. Beat Frey, coauteur de cette étude.
Les chercheurs sont conscients du potentiel de cette découverte, mais restent conscients qu’il reste bien des barrières à franchir. “Le prochain grand défi sera d’identifier les enzymes capables de dégrader le plastique produits par les souches microbiennes et d’optimiser le processus pour obtenir de grandes quantités de protéines”, déclare Beat Frey. “De plus, il faudra probablement d’autres modifications des enzymes pour optimiser différentes propriétés comme la stabilité des protéines.”