Ces araignées semi-aquatiques chassent des poissons de cinq fois leur taille

araignée piscivore Guyane françaiseIngo Arndt, Nature Picture Library, Corbis
Ces araignées semi-aquatiques chassent des poissons de cinq fois leur taille. Des animaux bien équipés pour ce genre d'opérations mortelles.
La chaîne alimentaire est ainsi faite que, le plus souvent, le plus gros mange le plus petit. C’est ainsi. Mais la Nature nous offre aussi de formidables exceptions. Dans le monde des araignées, 8 familles – sur les 109 recensées – sont par exemple capables de capturer et de manger de petits poissons, certains faisant jusqu’à cinq fois leur poids. Et ces petites bêtes sont très répandues, on les trouve sur tous les continents excepté l’Antarctique.
Ces araignées semi-aquatiques chassent des poissons de cinq fois leur taille
18 espèces d’araignées piscivores ont déjà été observées en pleine action, aux États-Unis, en Inde ou encore au Royaume-Uni. Elles intéressent particulièrement Martin Nyffeler, de l’Université de Bâle, en Suisse, et Bradley Pusey, de l’Université d’Australie-Occidentale, à Albanie en Australie. Les deux biologistes se sont d’abord intéressés à la consommation de poissons par des araignées. Ils ont trouvé 89 occurrences, la moitié jamais publiées dans la littérature scientifique. Avec ces cas, ils ont pu établir un portrait de ce comportement plutôt inhabituel.
Pour Marie Herberstein, spécialiste du comportement des araignées à l’université Macquarie de Sydney, en Australie, “la prédation des poissons par les araignées a toujours été perçue comme une bizarrerie”, mais “l’article de revue nous montre de façon convaincante que ce comportement est répandu, à la fois sur le plan taxonomique et géographique. C’est une belle surprise.”
Des animaux bien équipés pour ce genre d’opérations mortelles
Pour capturer leurs proies, les araignées piscivores patientent dans des étangs ou des zones humides et chassent sans toile. Certaines sont même capables de nager, plonger ou marcher sur l’eau. Elles “ancrent leurs pattes arrière sur une pierre ou une plante, en laissant leurs pattes avant flotter sur l’eau” et attendent leur proie. Au moindre mouvement, elles attaquent. Et elles ne regardent pas trop ce qu’elles attrapent. Si, la plupart du temps, elles mangent des insectes tombés dans l’eau, parfois, elles s’en prennent délibérément à des animaux plus imposants, comme des poissons.
Pour ce faire, elles utilisent tout leur arsenal, notamment leurs mâchoires capables de transpercer la peau pour injecter un venin létal bourré de neurotoxines. Lorsque le poisson est mort, les araignées le trainent sur la terre ferme et lui administrent un joli cocktail chimique pour liquéfier ses tissus corporels et faciliter la consommation de la proie.
D’après les auteurs de l’étude, une araignée du genre Ancylometes, qui ne pèse que 7 grammes, pourrait capturer un poisson de 30 grammes. De quoi nourrir largement une femelle en pleine production d’œufs, par exemple. Que la nature est belle !