Celio et Beaumanoir reprennent les rênes de la marque Jennyfer

Image d'illustration. Vue large d une boutique de vêtementsADN
L’enseigne de prêt-à-porter Jennyfer change de main, passant sous le contrôle des groupes Celio et Beaumanoir. Cette opération marque une nouvelle étape pour la marque, confrontée à des difficultés dans un secteur textile en pleine mutation.
Tl;dr
- Beaumanoir reprend Jennyfer, sauvant 350 emplois et 26 boutiques.
- Celio intègre aussi une partie du personnel et 7 magasins.
- Un tiers des salariés de Jennyfer préservé malgré la crise.
Jennyfer : reprise partielle après la tempête
Une page se tourne pour Jennyfer, enseigne emblématique du prêt-à-porter féminin, alors que le groupe Beaumanoir, connu pour ses marques telles que Bonobo, Cache Cache ou encore Caroll, vient d’acter sa reprise.
Selon la décision judiciaire, ce plan permet à 350 salariés sur près de 1 000 de conserver leur emploi. De plus, 26 boutiques du réseau français restent sous pavillon Jennyfer, tandis que l’enseigne concurrente Celio intégrera également sept magasins et une partie des équipes.
Lourdes secousses dans le secteur du textile
La situation n’est guère surprenante dans un contexte où le marché du prêt-à-porter traverse des turbulences majeures. « L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable », regrettait en avril la direction de Jennyfer.
L’entreprise, qui avait déjà été placée en redressement judiciaire à l’été 2023 – conséquence d’une inflation galopante et d’une hausse brutale des charges –, n’aura finalement pas réussi à redresser durablement la barre. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avait supprimé 75 postes, sans toutefois éviter la liquidation.
Sauvetage partiel mais concurrence féroce entre repreneurs
Le tribunal de commerce de Bobigny s’est retrouvé face à onze offres concurrentes – parmi lesquelles celles de Pimkie ou encore Jules. Mais selon les administrateurs judiciaires, la proposition conjointe de Beaumanoir/Celio, jugée la plus solide, « permettra de préserver durablement près d’un tiers des emplois ». Malgré cela, Sophie Binet (CGT) a dénoncé « une catastrophe sociale […] principalement pour les femmes concernées », regrettant l’absence d’anticipation stratégique dans le secteur.
D’un repositionnement raté au retour aux sources… et après ?
Fondée en 1984, forte autrefois de plus de 220 boutiques en France et d’un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 250 millions d’euros, Jennyfer avait tenté un virage avec « Don’t Call Me Jennyfer », sans convaincre ses clientes. Retour donc à l’ADN originel et au nom historique. Pourtant, même après un investissement massif et un nouvel actionnaire en 2023, l’objectif fixé par Yann Pasco – étendre la cible au-delà des adolescentes (forte de ses « 15 % de part de marché sur les 10-14 ans ») vers les jeunes adultes – n’aura pas suffi à redresser durablement l’entreprise.
Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre pour ce symbole du prêt-à-porter jeune. Les regards se tournent désormais vers la capacité des nouveaux acteurs à relancer une marque éprouvée par les crises successives et par une transformation profonde du secteur textile.