CBD trafiqué : la hausse des « bad trips » alarme les autorités françaises et inquiète les usagers

Image d'illustration. Collection artistique de bouteilles d huile de cbd sur une surface en bois rustiqueADN
La France observe une recrudescence de cas d’effets indésirables liés à la consommation de CBD trafiqué, suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires face à ces “bad trips” qui touchent de plus en plus d’usagers.
Tl;dr
- Hausse des intoxications au CBD en France en 2024.
- Cannabinoïdes de synthèse présents dans certains produits.
- Le flou juridique favorise les dérives du marché.
Des intoxications en hausse et des substances inquiétantes
Au printemps 2024, les signalements d’intoxications liées au CBD explosent. Une centaine de cas a déjà été recensée depuis le mois de mars, mais ce chiffre ne représenterait qu’« environ 1 % des cas », selon une pharmacologue interrogée par l’AFP.
Derrière cette augmentation brutale se cache un phénomène préoccupant : la présence de cannabinoïdes de synthèse dans des produits censés être inoffensifs.
Des molécules indésirables et un marché sous tension
Les autorités sanitaires – comme l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’Anses – multiplient les alertes : ces nouveaux composés, souvent non indiqués sur l’emballage, provoquent des effets secondaires dangereux. Accélération du rythme cardiaque, oppressions thoraciques, voire crises d’hilarité incontrôlables : tels sont les symptômes rapportés par plusieurs victimes, à l’image de l’un d’eux, qui pensait simplement « se détendre » avant d’être pris de panique après avoir consommé une « Fleur CBD Super Lemon Exotic » dont la composition restait mystérieuse.
Certains produits vendus dans plus de 2 000 boutiques physiques ou en ligne contiennent désormais ces substances créées en laboratoire, imitant le THC. Interdit en France au-delà de 0,3 %, ce composant psychoactif du cannabis est remplacé par des alternatives comme le HHC ou le 10-OH – rapidement interdites puis remplacées à leur tour. La liste est longue :
- L’EDMB-4en-PINACA, identifié pour la première fois en mai sur une fleur de CBD près de Paris ;
- d’autres molécules, aisément produites à partir de précurseurs chimiques venus d’Asie, via l’Union européenne.
Laxisme réglementaire et stratégies commerciales douteuses
Face à ces évolutions rapides, le cadre légal peine à suivre. Beaucoup d’aliments contenant du CBD continuent d’être commercialisés sans évaluation européenne préalable. Certains grossistes s’approvisionnent hors des frontières françaises où la réglementation varie considérablement. Dans les rayons des boutiques parisiennes comme sur Internet, on trouve désormais brownies « Delta 7 » importés des États-Unis, ou encore produits étiquetés « HE » pour « High Effect ».
Ce flou alimente la confusion et ouvre la porte aux abus, déplore un professionnel du secteur qui appelle à encadrer strictement tout procédé conférant des effets psychotropes à la fleur de cannabis.
Légalisation : vers une sortie de crise ?
La question se pose : faut-il légaliser le THC pour enrayer ces dérives ? Certains acteurs avancent que seule une telle mesure permettrait d’assécher ce marché parallèle et d’éviter la multiplication des molécules dangereuses. En attendant, près de 10 % des adultes français ont déjà testé le CBD (d’après Santé publique France) – preuve que le sujet reste brûlant.